Au bistrot du Marché (de dupe)
Je n'ai pas regardé notre bien aimé Président hier soir dans la Lucarne à prescription de yaourt, d'abord pour ma santé et pour éviter que des oreilles encore chastes n'entendent toute la vulgarité du pouvoir dans son plus simple appareil, mais le peu que j'ai pu en lire ou en comprendre ne me fait guère regretter de ne m'y être attardé.
C'est peut être ça la conception du journalisme tel que le pouvoir semble vouloir le définir aujourd'hui, un subtil mélange entre servilité et brève de comptoir, bon sens près de chez vous et préoccupation présumée de quelques français aussi représentatif que je le suis en ce qui concerne les goûts moyens en matière de musique enregistrée...
Un journalisme subventionné et mis sous le boisseau de la concurrence. J'ai grandi dans le mythe du journalisme. J'ai voulu faire de la photo
parce que je voue un culte à Depardon, et les premières photos que j'ai
vu de lui date du Liban, dans les rues, sous la mitraille.
Ainsi, entendre les tombereaux d'ordures
déversés sur les deux journalistes de France 3 par l'infortuné Frédéric
Lefebvre et consorts me semblent parfaitement choquants.
Au delà d'un coup de communication mal placée en direction des téléspectateurs du 13H de TF1 qui voudraient que rien ne se passe en dehors de leur triste bulle viciée, c'est une manière claire d'affirmer que le journalisme hors des pools (mouillées) et des règles édictées par tel ou tel potentat ne se doit pas d'exister.
C'est un truisme, mais il y a dans la défiance générale du pouvoir envers Internet comme un lien tissé avec cet amour de la servilité. Depuis la première guerre du Golfe (en tout cas c'est là que je le date) une maladie semble avoir altéré la signification de certains concepts, et la neutralité a vite muté en fadeur, voire en position centriste mollassonne qui ne dit plus rien ou qui se vautre dans la pleurnicherie compassionnelle en Haïti en parlant des zenfants quand ils se mangent des murs sur la gueule mais pas quand les banques mondiales les affament.
Pire, il me semble même, entendre la pensée dominante toute faite de préjugés ressassés et d'avis dicté par la sainte consommation. Internet a certainement incité à la lecture de sources d'information plus alternative, mais une source se vérifie pour soi-même et les autres. A ce titre, je partage en grande partie les réflexions de Narvic sur son blog ; aujourd'hui, j'apprends plus des blogs et de Twitter que du Monde qui m'annonce par ailleurs plus souvent ce genre d'infos plutôt que celles-ci qui me semblent plus signifiantes du monde dans lequel on vit...
Mais qu'à cela ne tienne, quand notre ministre en papier bible parle des blogs et de l'information sur Internet, c'est bien "d'Intox" dont il s'agit, de "marché à réguler". L'information est un marché comme un autre... Qu'il soit dit qu'avec lui, rien ne nous sera épargné.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...