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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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20 mars 2010

Placement Produit

Je crois qu'il n'y a plus besoin de prouver que les grands groupes mercantiles de production de musique n'ont strictement plus rien à voir avec le monde de la musique et surtout celui des passionnés et des passeurs ; le sujet est clos, de fait. Et chaque jour qui passe nous éloigne un peu plus. Autant dire que les mouchoirs ne sont pas de sortie !
Il est patent que depuis fort longtemps, le bénéfice (qu'ils soient du disque lui-même ou des produits dérivés qui peuvent aller du téléphone portable aux stickers en passant par des casques "intra-oreilles" de piètre qualité signé de l'artiste... ) compte bien plus que la qualité artistique, même si certaines majors tentent toujours de faire passer la mie de pain pour de l'or... Voir notamment le dernier Benjamin Biolay et les clins d'œil cuistres au fait que -comme Gainsbourg, messieurs-dames, comme Gainsbourg !- ce dernier a "arrangé" (au sens pugilistique du terme) un mouvement de Chostakovitch pour une chansonnette. Même si c'est vraisemblablement plus surement du Morissey. On a les références qu'on peut.
Derrière les plantes grasses qui prétendent cacher la forêt de leurs feuilles cacochymes, comme le note Michel Kemper, les affaires reprennent et sont éloignées de l'imagerie du poète émacié et sans concessions : des dizaines d'artistes français reviennent au doux temps des yéyés et se font homme-sandwich pour des marques... Apprenant cela, je n'ai pu m'empêcher de penser à Brassens ou à Coltrane, à Loïc Lantoine ou à Steve Coleman (pour ne pas qu'on me sorte l'argument de "l'époque") signant un contrat avec une bpisson à bulle... Et on voudrait nous faire croire qu'au fond, tout ça c'est le même métier, et que, comme le pense notre ami punk, la vente, c'est le talent !
Entre nous, il n'est pourtant nul besoin de chercher des sponsors multiples : l'ensemble de la "nouvelle chanson française" pourrait signer un contrat de groupe avec une marque suédoise d'ameublement aux couleurs du drapeau : pas cher et en kit, passe-partout, et avec une originalité revendiquée qu'on retrouve orthonormée chez tout le monde...
Dans un article récent, il était question des placements produits continuels de Lady Gaga. Toujours prêt à valider le pire de ce qui se fait ailleurs, et n'ayant jamais assez d'empressement à contenter l'industrie du disque, les pouvoirs publics ont accordé le placement produit dans les films et (voilà qui va faire le bonheur des vendeurs de sodas, de textile chinois et de voitures vulgaires) dans les clips musicaux.
Nous passerons sur le fait que, comme de coutume, il ne s'agit que de valider ce qui se faisait déjà alors que c'était donc "hors-la-loi". on pourra évidemment gloser sur le fait que c'est souvent dans le sens des puissants lobby économique que cela se fait, et rarement pour rendre légal a posteriori le téléchargement gratuit ou la consommation de produits prohibés. Mais ce serait médiocre.
Je ne souhaitais pas forcément reparler du vieil ardéchois, mais Philippe Axel rappelle à juste titre sur son blog combien sont indécents tous les hommages à Ferrat par le monde du disque commercial, quant on connaissait ses combats, et quand on voit aujourd'hui à quel point l'industrie d'entertainement à base de musique pauvre est devenu comme dans le pire de ses cauchemars.
A ce titre, je vous conseille de lire la tribune de Ferrat dans le Monde Diplo de Mai 2004, dont voici un petit extrait : "La « libre entreprise » des marchés dans le domaine de la chanson conduit à un appauvrissement dramatique de la diversité culturelle : elle met en cause l’existence même de la liberté d’expression pour la très grande majorité des artistes français."
C'est décidé, ils feront désormais du placement produit en combinaison de Formule 1, mais pleureront toujours misère, désolation et calamité sur leurs précieux droits d'auteurs et sur la crise du disque qui dans les talk-shows en demandant au besoin d'aller télécharger un single MP3 sur une plateforme légale pour rester propre... Sans même en tirer une bonne chanson !
Alors, évidemment, ce serait mesquin, mais on est tenté de rapprocher ces infos avec celle-ci. Ce serait un tort ; on sait pourtant bien que lorsqu'on fait métier de la pub, il est tout à fait rare d'en faire pour soi-même...

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

10_Death_Verrue

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