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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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9 septembre 2016

Roberto Del Piano - La Main qui cherche la Lumière

Le label Improvising Beings s'est assigné une noble tâche, celle de la fidélité.
C'est le cas avec le saxophoniste Sonny Simmons, avec le contrebassiste Alan Silva, avec le pianiste François Tusques, avec la chanteuse Linda Sharrock ou encore avec le trompettiste Itaru Oki. Bref, avec bon nombre d'esprits libres et frappeurs qui farouchement libre qui ont nourri nos musiques et les nourrissent toujours.
Ils sont parfois oubliés, en marge.
Des fois, ils sont de lointains souvenirs de l'époque dorée, d'une scène, d'une ville. Parfois ils ont fait des pauses, ils reviennent, on les retrouve.
Tout ceci, c'est un peu le cas du bassiste électrique Roberto Del Piano, un bassiste électrique de Milan qui dans les années 70 participait à la palpitation ambiante du Free italien. On a pu le voir, plus récemment, dans le Tai-No Orchestra qui a des allures de collectif informel, où l'on dénombre beaucoup de musiciens présent dans le disque qui nous concerne aujourd'hui.
Ce n'est pas la première fois que Julien Palomo, l'âme d'Improvising Beings invite l'italien : on l'avait déjà vu dans le Trio 876 avec le chanteur Jean-Michel Von Shouwburg et Paolo Falascone au piano. On retrouve ce dernier sur le double album La main qui cherche la lumière, mais il ne joue pas de piano préparé ; il joue la seconde main sur la basse de Del Piano sur le premier album, notamment sur l'explicite « Four Hands Double Bass ».
La main cherche la lumière : sur le premier album, avec la chanteuse italienne Pat Moonchy et le multianchiste Massimo Falascone, la lumière est irisée, mouvante, opiacée presque. C'est la raison pour laquelle on songe beaucoup à Alan Silva, notamment sur l'étonnant « Musimprop » et ses sons étranges, vintage, où la voix est un véritable instrument. On passe dans divers univers où l'on peut parfois être rétif. La main cherche la lumière, et elle a le droit d'y aller à tâtons.
D'autant que dans le second disque, qui se résume en un duo explosif avec le clarinettiste Marco Colonna, où viennent se joindre de manière épisodique les saxophones de Massimo Falascone et la batterie de Stefano Giust.
Et là, à cet instant, la lumière est crue, violente, elle découpe les ombres avec un véritable contraste. La main a trouvé, et de quelle façon, un chaos salvateur.
Etonnant double album, avec ses deux ambiances, enregistrées à 1 an d'intervalle. Le bassiste joue avec le son tout autant qu'il porte le fer au milieu du choeur des graves dans le magnifique "Meeting in Milan". La clarinette basse et sax baryton s'affronte au milieu de la sècheresse de la basse. On avait rencontré Colona dans le trio (In)Obediens sur le label Rudi Records, il est ici le véritable détonateur d'un album où l'improvisation collective prend tout son sens. Il ne faut pas cependant croire que tout est virulence : le très clair "Quiet Place" est un instant de douceur, de concorde, par des musiciens en liberté. Celle que seul un label comme Improvising Beings peut offrir.
Bel Eventail.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

 

36-Errance-Doubs

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