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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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22 octobre 2016

Amsterdam Klezmer Band - Oyoyoy

Vingt ans, ça vous place au rang d'institution.
En matière de Klezmer, les bataves du Amsterdam Klezmer Band (AKB) en sont une, indéniablement. On pourrait gloser longtemps sur la signification du mot Klezmer, de ce que l'on met derrière, des formes polymorphes qui l'animent, de son aspect "fourre-tout avec clarinette"...
Il y a certes un côté auberge espagnole (enfin disons, hongroise, plutôt !) dans cette musique, mais cette dimension déterritorialisée est justement sa force : du rock au jazz en passant par la tradition juive la plus ancrée, le klezmer est tout ce qu'on aime à la fois. Et puisque Klezmer signifie musique et klezmorim, musicien, ça tombe bien.
C'est la musique, et seulement la musique qu'on aime. A bas les postures !
A ce sujet, vous trouverez ici un Une Heure Un Disque, mon jeu préféré sur Twitter au sujet du Klezmer, réalisé à l'occasion de la sortie de ce disque.
Alors AKB a vingt ans, ce qui ne nous rajeunit pas. Oyoyoy, seizième disque du groupe, est à l'image de cette formation née dans les rues d'Amsterdam et qui s'est décidée un jour à franchir les portes d'un studio. On se souvient de Son, sorti en 2005 et certainement leur meilleur album, où il avait choisi justement d'enregistrer en prise directe, comme pour retraduire en studio le côté fanfaron à la De Kift, pour rester batave.
Mais de loin, c'est bien Limonchiki qui reste le totem de ceux qui aiment AKB. Quiconque aime la musique Klezmer et a découvert, en 2001, le yiddish mâtiné de néerlandais du percussionniste et slameur Alec Kopyt et de son collègue saxophoniste et rappeur Job Chajes qui donnait à l'orchestre cette touche particulière et frondeuse.
On retrouve tout ça dans Oyoyoy. Un côté foncièrement pop, qui s'amuse avec les codes mais qui avant tout joue, et joue bien. Lorsque dès l'entrée de l'album on découvre "RingDingDing", on est pris une frénésie joyeuse : revoilà la bande, et il ne sont pas seuls ! La première invitée est la multi-instrumentiste et chanteuse Fay Lovsky, ex-primitifs du futurs et figure de la scène néerlandaise qui apporte une gaîté et une inventivité qui colle parfaitement à cet univers. Ca tombe bien, c'est le même. C'est un univers en expansion, bondissant, agité par les remous mais d'une terrible efficacité.
Il embras(s)e même les balkans, d'où le klezmer est nécessairement proche avec un "coček à la Kopyt" qui est l'occasion pour le groupe de démontrer d'une belle dynamique collective.
On pourra songer que tout ceci est sans surprise. Mais au détour d'une mélodie ou d'une facétie, on s'aperçoit qu'il y a quelques coins qu'AKB n'avait pas visité. C'est le cas notamment avec la belle mélodie de  "The Hipster's Life" où la clarinette de Janfie Van Strien est parfaite, légèrement détachée de la tournerie.
Elle raconte des histoires, et c'est exactement ce qui est plaisant dans cet orchestre. C'est aussi là que le parallèle avec De Kift se fait sensible. Il y a une théâtralité remarquable, une envie d'incarner cette musique avec des personnages, quand bien même la langue nous serait étrangère.
C'est un disque qu'on aime écouter jusqu'à s'enivrer.
Dans Oyoyoy, il y a aussi un disque de "remix" -en fait souvent des réorchestrations avec invités- assez dispensable, à ceci près que le "coček à la Kopyt" est enregistré avec Cata.Pirata qui donne un aspect très Europe Centrale à cette musique vraiment réjouissante.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

51-Errance-Vaudoise

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