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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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7 mai 2018

Romain Baret - Naissance de l'horizon

Les lyonnais du collectif Pince-Oreilles sont un peu les benjamins de la scène Rhône-alpine, toujours en effervescence. Réunis autour du vaisseau-amiral que constitue le sextet d'Anne Quillier, ils sont également connus pour le duo Watchdog, passé par Jazz Migrations, où le quintet de Grégory Sallet, où l'on retrouve le guitariste Romain Baret et le contrebassiste Michel Molines, deux protagonistes de cette Naissance de l'Horizon, extension rythmique au trio de Romain Baret qui avait déjà eu l'occasion de faire parler de lui.
On se souvient de la Suite Astrale d'Antoine Galvani, qui réunissait de nombreux musiciens du collectif ; à plus d'un titre, le présent disque où le ténor d'Eric Prost et la trompette de Florent Briqué (également membre de Superdog) font un travail d'orfèvre en est le pendant terrestre ; une autre forme d'immensité, moins cosmique et plus sujette à la pesanteur, bien présente dans les chorus exalté de la guitare, à l'instar de "Schizophrénie", petit modèle d'énergie rock où les soufflants ont fort à faire.
Naissance de l'horizon est un album assez direct, avec une volonté d'être rugueux sans pour autant prendre l'auditeur à complet rebrousse-poil ; ainsi, si la temporisation du rêve est une belle passe d'arme entre les membres du trio d'orgine (Baret, Briqué, Prost), c'est aussi l'occasion pour Molines de s'offrir une plage plus douce, une respiration avant que ne reprenne le duel entre trompette et guitare, guidé par la batterie contondante de Sébastien Nicca.
Le morceau acte une certaine vision du monde, et même sous-jacent, un discours politique. Celui-ci est corroborré par les compositions déclarées en Collective Commons. Ce discours, c'est que la concorde et une certaine forme de joliesse, celle qui naît dans le fort joli "Some Kind of Bug" très marqué par l'école de Canterbury ne peut s'obtenir par le frottement et le rapport de force : celle d'une électricité perclue d'effets et d'une batterie fougueuse par exemple.
"La Guerre des classes n'a pas eu lieu (elle est permanente)" est donc comme un manifeste. Les rôles sont bien distribués et les dispositifs de tension sont souvent à leur comble, avec une impression de mouvement permanent cher à l'esthétique du collectif Pince-Oreilles. Ce n'est pas le big-bang, mais cela tient de la réaction en chaîne : les vents font bouillir les cordes qui répondent en explosion successives extrêmement contrôlées. Nous sommes avec ce quintet dans le bouillon de culture qui a donné la vie : des accolades, des erreurs, des fausses pistes mais un résultat lumineux.
Naissance de l'horizon est un disque très plaisant qui, s'il ne révolutionne pas les genres, présente le travail de cinq jeunes gens qui fourmillent d'idée. Une belle découverte, assurément.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

01-Maison-Le-Havre-

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