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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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7 novembre 2018

Onze heures Onze Orchestra

On ne peut pas reprocher au collectif et label parisien Onze Heures Onze d'enfoncer un clou. D'autant plus si ce rivet est asséné avec ce qu'il faut de syncopes et de rythmiques complexes. Une pulsation impaire, sophistiquée pour laquelle les musiciens proche du mouvement ont pris depuis longtemps fait et cause.
Acteur récent de la scène européenne, le label accueille des musiciens qui ont marqué une tendance lourde du jazz et des musiques improvisées bien en amont de la création de la structure. De Denis Guivarc'h (FADA, Red Quartet...) à Stéphane Payen (Print, The Workshop...) en passant par Olivier Laisney (Benoît Lugué, Magic Malik...), les membres réguliers de Onze Heures Onze intéragissent depuis longtemps dans une galaxie où les noms de Steve Coleman, Aka Moon, Magic Malik et Octurn sont naturellement prononcés.
Une famille, en quelques sorte, qui se retrouve réuni dans un tentet à géométrie variable qui célèbre à l'occasion du Volume 1 du Onze Heures Onze Orchestra (OHOO) une démarche commune en compagnie d'invités naturels dans des morceaux dédiés.
Une fête.
On ne sera pas surpris d'y retrouver Malik, aérien et virevoltant à la flute. Tout de suite, sans autre forme de débat. Spontanément et avec un XP de sa composition, évidemment. « XP31 » lance cette belle mécanique que nous propose OHOO. Les trois saxophonistes, Stéphane Payen, Denis Guivarc'h et Julien Pontvianne qui avec le Aum Grand Ensemble s'essaie déjà au grand orchestre font d'une multitude de tutti un engrenage parfait qui génère toutes sortes de réactions en chaîne, à commencer par l'échange extrêmement complexe entre le vibraphone de Stéphan Caracci (Ping Machine) et la batterie de Thibault Perriard (Slugged, autre groupe de Onze Heures Onze).
Parmi d'autres invités, on trouvera tout aussi logiquement le Frank Vaillant de Benzine venir avec « Raja », morceau très planant où l'on remarque surtout l'omniprésence de Michel Massot au trombone, instigateur du mouvement perpétuel assigné à ce morceau. C'est ce dernier, en compagnie de Vaillant qui arrachera Julien Pontvianne du Rhodes « dumoulinien » d'Alexandre Herer pour faire imploser le ton très contemplatif du morceau.
La présence d'Alban Darche, qui clôt l'album dans un clin d'oeil, est sans doute plus surprenante, encore que « Autoportrait avec Ohana et Albeniz » soit très empreint du style d'Alban dont la performance au baryton est ici remarqué. Une musique très cinématique, référentielle, pugnace et néanmoins très posée où les allusions à la musique écrite occidentale sont légions sans pourtant constituer des citations à part entière.
C'est ce qui va dans le sens du reste de ce premier volume : une musique très expressive, parfois rocailleuse, mouvementée mais pas turbulente qui s'exprime d'abord par une véritable dynamique collective, qu'importe si certaines accélérations ou décélèrement se fait à l'initiative d'un individualité, détachée pour quelques mesures. Une musique très cérébrale aussi, où les références aux figures contemporaines comme Reich et Ligeti sont légions.
Il y a un véritable plaisir pris à l'écoute, plaisir partagé manifestement en studio. Pour s'en convaincre, il suffira d'écouter « Fanfare pour Denis », dédié à Denis Guivarc'h par Stéphane Payen pour s'en convaincre ; la contrebasse de Joachim Govin comme la batterie de Vaillant sont deux filins qui semblent toujours au bord de la rupture mais tiennent fermement une structure complexe de soufflants bringuebalant au gré du vent, toujours en quête de l'équilibre.

On attendait la suite avec gourmandise, et c'est avec raison. Si le premier volume, paru à l'automne faisait la part belle à la puissance de l'orchestre, ce sont les figures contemporaines précédemment citées qui sont à l'honneur dans ce beau second volume où l'on retrouve toujours Magic Malik qui est plus que la statue du commandeur ; on commençait par la « XP 31 », on finit par la « XP32 », comme par pure logique, avec Olivier Laisney et Stéphane Payen en porte-flambeaux, et tout l'orchestre dans une sorte d'orgie gourmande, un peu outrée, presque comme il se doit.
Est-ce que cela entérine une bonne fois pour toute la parole de Malik dans la définition de la musique savante ? Toujours est-il que dans « Densité 11.11 », le vibraphoniste Stefan Carracci nous emmène dans une atmosphère Varésienne particulièrement mouvementée et foisonnante, tout comme l'est « From Crippled Symmetry » qui rend hommage à Terry Riley et à une certaine idée des motifs répétitifs qui sont aussi l'essence de cet orchestre du collectif Onze Heures Onze qui brille tout autant par ses individualités que par son sens remarqué du développement commun d'une esthétique forte et puissante.
On ne peut pas reprocher au collectif et label parisien Onze Heures Onze d'enfoncer un clou. D'autant plus si ce rivet est asséné avec ce qu'il faut de syncopes et de rythmiques complexes. Une pulsation impaire, sophistiquée pour laquelle les musiciens proche du mouvement ont pris depuis longtemps fait et cause. Acteur récent de la scène européenne, le label accueille des musiciens qui ont marqué une tendance lourde du jazz et des musiques improvisées bien en amont de la création de la structure. De Denis Guivarc'h (FADA, Red Quartet...) à Stéphane Payen (Print, The Workshop...) en passant par Olivier Laisney (Benoît Lugué, Magic Malik...), les membres réguliers de Onze Heures Onze intéragissent depuis longtemps dans une galaxie où les noms de Steve Coleman, Aka Moon, Magic Malik et Octurn sont naturellement prononcés.
Une famille, en quelques sorte, qui se retrouve réuni dans un tentet à géométrie variable qui célèbre à l'occasion du Volume 1 du Onze Heures Onze Orchestra (OHOO) une démarche commune en compagnie d'invités naturels dans des morceaux dédiés.
Une fête.
On ne sera pas surpris d'y retrouver Malik, aérien et virevoltant à la flute. Tout de suite, sans autre forme de débat. Spontanément et avec un XP de sa composition, évidemment. « XP31 » lance cette belle mécanique que nous propose OHOO. Les trois saxophonistes, Stéphane Payen, Denis Guivarc'h et Julien Pontvianne qui avec le Aum Grand Ensemble s'essaie déjà au grand orchestre font d'une multitude de tutti un engrenage parfait qui génère toutes sortes de réactions en chaîne, à commencer par l'échange extrêmement complexe entre le vibraphone de Stéphan Caracci (Ping Machine) et la batterie de Thibault Perriard (Slugged, autre groupe de Onze Heures Onze).
Parmi d'autres invités, on trouvera tout aussi logiquement le Frank Vaillant de Benzine venir avec « Raja », morceau très planant où l'on remarque surtout l'omniprésence de Michel Massot au trombone, instigateur du mouvement perpétuel assigné à ce morceau. C'est ce dernier, en compagnie de Vaillant qui arrachera Julien Pontvianne du Rhodes « dumoulinien » d'Alexandre Herer pour faire imploser le ton très contemplatif du morceau.
La présence d'Alban Darche, qui clôt l'album dans un clin d'oeil, est sans doute plus surprenante, encore que « Autoportrait avec Ohana et Albeniz » soit très empreint du style d'Alban dont la performance au baryton est ici remarqué. Une musique très cinématique, référentielle, pugnace et néanmoins très posée où les allusions à la musique écrite occidentale sont légions sans pourtant constituer des citations à part entière.
C'est ce qui va dans le sens du reste de ce premier volume : une musique très expressive, parfois rocailleuse, mouvementée mais pas turbulente qui s'exprime d'abord par une véritable dynamique collective, qu'importe si certaines accélérations ou décélèrement se fait à l'initiative d'un individualité, détachée pour quelques mesures. Une musique très cérébrale aussi, où les références aux figures contemporaines comme Reich et Ligeti sont légions.
Il y a un véritable plaisir pris à l'écoute, plaisir partagé manifestement en studio. Pour s'en convaincre, il suffira d'écouter « Fanfare pour Denis », dédié à Denis Guivarc'h par Stéphane Payen pour s'en convaincre ; la contrebasse de Joachim Govin comme la batterie de Vaillant sont deux filins qui semblent toujours au bord de la rupture mais tiennent fermement une structure complexe de soufflants bringuebalant au gré du vent, toujours en quête de l'équilibre.

29-Laisney

 

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