Kaze & Ikue Mori - Sand Storm
Ajouter de la matière au vent, et il va vous giffler le visage. Ajoutez de la matière au vent, et il va assécher votre voix. Ajoutez de la matière au vent, et il va se densifier.
Le vent, ici, on le connaît : c'est Kaze, le vent en japonais, qui a l'attrait d'être à la fois insulaire et métropolitain. De Honshu à Lille, du Nord au Sud, on les a déjà rencontré six fois. De la Tornade à la simple brise, le quartet s'est agrandit une fois, si Trouble. Le temps reste ailleurs le même avec ses formes parallèles : deux trompettes (Christian Pruvost, Natsuki Tamura) entouré par une pianiste (Satoko Fujii) et un batteur (Peter Orins). Deux japonais, deux français. Et le reste confié à l'entropie. L'ami Guy en parle à merveille sur Citizen Jazz
On s'en doutait, Atody Man, le précédent album, était dit de transition. Il fallait se recentrer, repartir à la rencontre. C'est le cas avec ce Sand Storm ou Kaze accueille l'électronicienne Ikue Mori.
Le grain de sable.
"Rivodoza" parle de lui-même : jusqu'à ce que le piano ample de Fujii vienne remettre de l'ordre, et un certain lyrisme inconnu jusqu'ici, Tout était dominé par la tempête, par le mouvement désordonné de la matière. Par le tourbillon des sons synthétiques qui s'instille dans tous les plis, dans tous les pores et vampirise tout...
Pour mieux le faire évoluer.
On pourrait penser qu'un japonais de plus ferai rompre l'équilibre précaire.Celà le galvanise. "Kappa" en est l'exemple parfait, où une certaine langueur domine l'urgence, et où la batterie d'Orins trouve en Mori un nouveau partenaire de jeu. Le sable de Mori est de ceux dont on fait le mortier. C'est un stabilisateur qui offre de la liberté et surtout du renouveau au quartet.
C'est surtout qu'avec Mori, on ne perd rien du luxe de détail qu'offrait Kaze. Au contraire, on les multiplie en de nombreux cristaux aux formes uniques et diablement sophistiqué, comme de la neige, ou du sable, dans sa version plus minérale.
Une réussite.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...