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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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14 janvier 2021

Jubileum Quartet - A UIŠ ?

Si les improvisateurs européens vous manquent autant qu'à moi-même, si vous avez besoin de la chaleur et de l'invention de quatre grandes figures de nos musiques par temps de COVID, il existe un palliatif qui a toujours fonctionné, même en période normale : le disque.
Dans ce disque du Jubileum Quartet, on jubile, et c'est le moins. On jubile pour deux raisons : d'abord parce que ce sont les quarante ans de carrière de ce diable de Zlatko Kaučič, slovène de son état et percussionniste important, peut-être trop négligé de ce côté-ci des Alpes. On jubile aussi par l'énergie qui nous secoue à l'écoute de cette plage unique joué par des monstres sacrés. Il y a le saxophone ténor d'Evan Parker bien sûr, tout en insistance, tournant en rond avec une trajectoire instable, et parfois largement imprévisible qui invente néanmoins le mouvement permanent.
A ses côtés, Joëlle Léandre omniprésente et qui aime comme souvent offrir à l'ensemble quelques trames, des climats, à l'archet. Un archet qui plonge dans quelques souterrains, lorsque le saxophone et le piano d'Augusti Fernandez, qui agissent par trames, viennent l'ensevelir, voire la polir pour que ce son puissant de contrebasse ressorte plus brillant que jamais. C'est impressionnant d'ailleurs cette complémentarité, cette continuité qui existe entre Joëlle Léandre et Evan Parker. Ils se répondent mais agissent parfois comme un seul corps, en mimétisme. Une masse sonore que piano et percussions tailladent, parfois avec de micro-fissures qui donnent davantage de mouvement.
Il y a comme une force tranquille qui se dégage de cette rencontre au sommet, mais anniversaire oblige, c'est bien à Kaučič qu'on offre le plus de libertés. Lorsqu'au coeur du morceau, alors que la contrebassiste sonde ses chères infrabasses, c'est à l'autre bout du spectre, fouillant dans un bric à brac de métal que Kaučič lui répond. Au milieu, piano et ténor s'empeignent bien comme il faut, comme au centre d'un cercle protecteur A UIŠ ? est un disque remarquable. Tu pars ? (A UIŠ  signifie cela en slovène). Non, je reste. Pour le plaisir !

 

Et une photo qui n'a strictement rien à voir !

 

03-Duchamp

 

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