Roberto Negro - Papier Ciseau
Quand Valentin Ceccaldi, interviewé cette semaine sur Citizen Jazz rejoint Roberto Negro dans le pourtant bien installé Dadada, ça fait des étincelles. Et les étincelles, le pianiste piémontais les aiment. Il les cultive, et sait même leur faire faire long feu, avec un goût du jeu, et partant du risque, qui n'appartient qu'à lui. On s'en assurera avec « Lime », ouverture d'abord calme de ce Papier Ciseau qui lui aussi appelle le bricolage et l'enfance. C'est calme, c'est quiet, et puis ça prend feu au détour d'une déflagration qu'on doit tout autant au piano qu'à l'espièglerie de ce diable d'Emile Parisien.
Espiègle, la définition est exact pour ce disque qui joue avec les codes de la musique électronique parfois (« Apotheke », où l'on danse littéralement sur un médicament) pour mieux affirmer une volonté organique, bien incarnée par les diableries rythmique de Michele Rabbia. On pense parfois aux envolées tout en puissance de God at The Casino, mais avec une douceur supplémentaire, une innocence qui tend à la simplicité dans le minimaliste « Toot », mais qui sait aussi se faire très turbulent aux prémices du remarquable « Neunhzen », avant qu'une certaine longueur, menée de front par le roi de l'horizoncelle Valentin Ceccaldi et les percussions ne changent totalement le climat. Papier Ciseau est une ode au changement, aux petites inflexions qui font la poésie du quotidien. Pour ce disque, malgré son habitude, Roberto Negro ne raconte pas d'histoires. Où elles sont microscopiques, à la taille d'un morceau, bien qu'appartenant à une sorte de corpus, comme un recueil de nouvelles. Ca ne les rend pas moins poétiques. Un disque accrocheur servi par de grands musiciens.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...