Print - Secrets for You
25 ans après, l’orchestre organique, diablement organique du saxophoniste Sylvain Cathala ne cesse de relever le défi de creuser un sillon personnel, intuitivement poétique en compagnie d’amis fidèles, rompus comme lui à une musique aux rythmes impaires, où la chaleur se cache souvent dans la douceur d’une nuit sans lune.
Oui, Print est une musique de nuit, c’est ce qui est écrit ici depuis des années, et ce n’est pas « Fifteen Minutes to Change » et l’échange entre la contrebasse de Jean-Philippe Morel, très en vue dans ce nouveau disque, et la batterie de Franck Vaillant qui dira le contraire.
La musique de Print, douce et toujours fluide trouve dans sa base rythmique des ressources inouïes. Elle parviennent à éviter les redites, et si l’eau a coulé sous les ponts depuis le Nordic&Baltic Tour, c’est d’abord parce que les musiciens ont appris à se trouver sans avoir besoin de se chercher, à l’image de « Eleven Dimensions » dont les ruptures patinées et l’élégance des saxophones (le fidèle Stéphane Payen se joint à Cathala pour conquérir un espace bien ouvert par le clavier très atmosphérique de Benjamin Moussay) forme sans doute le morceau le plus intéressant de ce Secrets for you.
D’abord parce que Sylvain Cathala s’éloigne sans vraiment perdre de vue son tropisme urbain pour une musique plus contemplative, sans perdre de vue l’énergie anguleuse qui réside souvent dans la batterie de Vaillant. Son échange avec le saxophoniste, où l’on retrouve la dynamique géométrique des voies illuminées tracées au cordeau tranche avec les rêveries de Moussay. C’est la clé indéniable de ce nouvel album ; c’est ce qui en fait le sel nouveau.
Si patine il y a dans cet album et dans la musique de Sylvain Cathala, c’est justement dans l’intégration de cette nouvelle voi(x)e pour Print. Son entente avec Payen est absolument télépathique, et les discussions entre les deux soufflants sont toujours constructives et apaisées, notamment dans la très belle suite « Study » qui ouvre là aussi de nouvelles perspectives pour l’orchestre.
Les chemins trouvés par Cathala pour donner de nouvelles perspectives à Print, pour changer l’empreinte et lui donner plus de profondeur. Les phrases complexes des saxophones trouvent du soutien dans le piano de Moussay, toujours prompt à élargir les perspectives. Il y a dans la musique de Cathala une forme de discrétion revendiquée qui souligne davantage peut-être les instants brillants, à l’instar de cette magnifique prise de parole de Morel dans la quatrième partie de « Study ».
Un quart de siècle après avoir enchanté nos oreilles, Print continue à dessiner les plans d’un terrain connu dont on ne se lasse guère, trouvant toujours de nouvelles manière de laisser une trace dans le monde clair-obscur dans lequel ses musiciens évolue.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...