Saumâtre (1)
Oui, c'est peu de le dire, je l'ai saumâtre. C'est marrant, depuis hier, j'ai comme l'impression qu'on m'a donné à manger quelque chose de pas frais, qui ressemble vaguement à un traité européen pour lequel on avait voté non, il y a quelques années. Le genre "ah, oui, mais non, vous êtes gentil mais vous savez pas, alors vous êtes gentil, mais on va faire à votre place".
Bonaparte, quoi.
Saumâtre, je vous dit. Et dans le bus ce matin, ça n'avait l'air de rien, les gens avaient l'air hagard, les mômes écoutaient de la musique de merde qui saturait comme une mouche sur un néon sur leur portable de merde et "l'homme-pressé-qui-bosse-parce-que-c'est-un winner-la-preuve-il-a-de-l'after-shave" bousculait tout le monde pour les raisons précitées.
Au boucher (oui, au boucher, c'est pas un établissement de chez, c'est un trocson de au), on parle de la pluie qui mouille et de la voiture qui passe au rouge ;du mariage du chanteur d'Indochine avec une sorte de Françoise Hardy aux anchois ; de la télé de la veille. Ca pourrait parler de la meilleure façon de farcir du Xanax à l'étouffée que ça irait pareil. J'ai parfois l'impression de vivre dans un truc ou je suis pas quand c'est comme ça. Et on s'étonne que je préfère m'éclater les tympans. Mais en fait, la musique, des fois, c'est pour éviter de hurler qu'il faudrait peut être commencer à se bouger le fion, alors que finalement, je fais quoi, moi ?
On a les camisoles qu'on peut...
Ce matin c'était Shantel. De la musique tzigane passée à la moulinette électronique. Ca ferait sourire un presque mort. Je me suis demandé si fallait pas que je le fasse crachoter dans un portable moi aussi, pour voir lesquels sont vraiment complètement mort. Je suis sur qu'il y en a.
Ca fait bizarre de se dire qu'on spolie nos droit et que rien ne se passe.
Encore une fois, j'ai envie de fin fond de Laponie.
Alors j'y vais. Avec mes disques.