Perruques roses
Parmi les quelques plaies qui eurent la décence de ne pas rajouter plus de souffrance à l'Egypte, il y a des choses connues, comme par exemple : la certitude que ce qui passe sur les radios commerciales constitue le veau d'or, les mocassins à glands, les sweat-shirts roses à rayures avec un pull bleu sur les épaules ou encore la mode soudaine pour le yukulele.
On pourrait bien sur gloser sur le yukulele, instrument remarquable quand il est joué avec talent, mais qui devient vite aussi pénible qu'une chanson québécoise chantée par une potiche romantique chaussée d'une permanente aussi flamboyante qu'extravagante. Le yukulele, c'est le djembe de la nouvelle décennie, que le pubère aux doigts gourd maltraite sans vergogne. Dans un monde normal, il y aurait des sanctions. Mais ce n'est pas mon propos.
La plaie présente est d'ailleurs une synthèse de ce qui précède, une espèce de golem de pacotille que l'on croise à épisode constant dans les rues de notre bonne ville universitaire. Le bizuth.
Chaque année, septembre est l'époque ou s'agglutinent sur le trottoir des crétins déguisés en ersatz d'enterrement de vie de jeune fille pour accoster le passant aux fins de lui vendre quelque objet grotesque ou prétendument drolatique comme du papier water ou autres. C'est la fête. Enfin disons que c'est moins la fête quand on accoste des gens comme moi en les tirant de leur musique...
On me répond la tradition. C'est la tradition, parait-il.
C'est marrant comme la tradition est plus facilement évoquée quand il s'agit d'humiliation concertée par une bande de faluchards fascisants que quand il s'agit de défendre un échange de savoir et de culture et de musique...
J'avoue n'avoir jamais compris en quoi se faire humilier avec de la chantilly fangieuse pouvait galvaniser l'esprit de corps, et en quoi il fallait être heureux d'être content de se préparer à un bac+12 pour au pire apprendre la morgue et le cynisme et au mieux à être docile et sous-payé.
Mais ça, ça doit être mon côté misanthrope.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...