Tartuffes
La défiance envers les site de "productions participatives" de disques est un réflexe sain, même si l'on peut comprendre que certains artistes en mal de producteurs cherchent à se jeter dans ce qui doit bien s'appeler par son nom : la gueule du loup.
Pas forcément d'ailleurs que les productions participatives soient de cupides Thénardiers prêt à tout pour essorer jusqu'au bout le frêle baladin rêveur, mais simplement, sous couvert de principes équitables, on renvoie le musicien à ce qu'il est pour les tenants d'Hadopi, les majors et les marchands de soupe : un produit, un code-barre parmi d'autres qu'on lance parce qu'il a un bon profil pour le placement produit et que surtout il est suffisamment lisse pour glisser dans le cabas au milieu des poireaux.
Bref, concrètement, mais ça je l'ai déjà dit, cette version numérique du radio-crochet n'a rien à voir avec un projet artistique, mais fait plutôt office de lancement marketing qui s'acharne surtout à ne prendre aucun risque, et surtout pas artistiques...
Ces sites font florès sur la toile, preuve qu'il y a encore des picaillons à se faire dans le milieu du disque, surtout lorsqu'il s'agit de faire croire au public que c'est son choix qui est respecté. Que c'est lui qui décide, et que désormais, il n'y a plus d'intermédiaires entre l'artiste et lui. Le plus insupportables, c'est sans doute cette manière de faire comme si tout ça était indépendant, sauf que la plupart ont des contrats ou des exclusivités avec M6, MTV, Endemol, et autres grands défenseurs des projets artistiques cohérents. Tartufferie d'honneur.
Comme dans tout choix démocratique, c'est toujours le plus tiède ou le plus putassier qui l'emporte. La majorité est ainsi faite... Et au final, il manque le principal, c'est à dire une véritable Direction Artistique, faite de projets et de passion, d'envie et de rencontre, de marasme et de coups réussis. Il manque le plus important : la cohérence d'un label et la certitude de la découverte, de la prescription sorties par sorties. C'est pour ça qu'en ce qui me concerne, je range mes disques par labels.
Entre nous, Stax aurait il encore des T-shirt à l'effigie du label s'il avait fait voter ses productions sur les radios chicagoannes ? Les disques n'aurait-il pas survécu au syndrome du sopalin ?
La production, ce n'est pas la location d'un studio, un ingé-son aigri, trois autocollants moches et un label au cul ; c'est une continuité conceptuelle qui ne doit pas être foulée au pied parce que quelques petits malins s'imaginent que si un internaute cofinance un album, ça va l'inciter à acheter celui des autres. Politique de gribouille qui en plus n'a pas à mon sens de justification. La multiplication de ces petites structures n'a qu'une seule finalité : rendre tout invisible, illisible et confidentiel pour que les larmes de crocodiles sur la crise du disque continuent de couler à flots, comme les billets dans les poches des majors...
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...