On refait le Marché
Ce midi, non loin d'un marché populaire de la rive gauche de Rouen, je rêvassai mollement les yeux négligemment posés sur les titres de quelque journal inepte nous contant les déboires de starlettes faisant le sempiternel aller-retour entre le trépané et le trépassé. Deux jeunes filles distribuaient des tracts luxueux aux passants empotés par les sacs de fruits et les cabas de poireaux.
L'une d'elles me tendit le papier ; cela n'avait rien de directement politique puisque la pub faisait l'éloge d'une radio généraliste qui s'est fait une spécialité du talk-show, et qui ne diffuse pas sur les ondes hertziennes à l'ouest et au nord de Paris. Celle-là même qui accueille en son sein de grands intellectuels...
Je ne suis pas déçu d'avoir pris ce quatre-pages. D'abord, parce qu'elle révèle de grands moments de populisme en trois syllabes autour de la notion de participation des auditeurs. Et parce qu'il m'a confirmé ce que je pensai sans jamais rien entendre de cette antenne. En quelques mots que le bon sens près de chez vous voisine toujours la médiocrité la plus crasse.
Il y avait quelque chose de surréaliste de voir ces jeunes femmes distribuer de la pub pour une radio qu'on ne peut entendre autrement que sur le net. Ça m'a fait penser que les perruches conservatrices entendues récemment qui vitupéraient contre le net pour le vrai journalisme -et ça on en parlera plus longtemps tout bientôt- n'ont guère lieu de s'inquiéter. Le nouveau monde des médias n'est pas une menace pour eux s'il ressemble à ce tract. Il se parera des mêmes atours de la médiocrité.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...