Choinier Piazza Dousteyssier
Hier soir, peut être pour la première fois depuis longtemps, j'ai trouvé quelques reliquat de courage pour braver le froid et la pluie rouennaise, j'ai chaussé mon sac photo et je me suis rendu vers un lieu familier et délaissé pour cause de pouponnage intensif ces dernier mois : le 3-Pièces, un des rare lieu rouennais où l'on peu entendre de la musique vivante en sirotant une bière correcte.
Cela faisait longtemps également que je ne m'étais pas rendu à un concert de mes amis des Vibrants Défricheurs, qui essaiment hors de Rouen, ce qui est une excellente nouvelle... Hier se déroulait un concert du guitariste Sylvain Choinier, leader de Kumquat, de Jérémie Piazza dont on va reparler très bientôt et d'un parisien invité, le saxophoniste Benjamin Dousteyssier, connu pour son septet, mais aussi pour être l'un des trois tiers du trio à saturation DDJ que j'avais déjà évoqué par ici.
Je n'ai assisté qu'au premier set qui a commencé fort tard, trop tard lorsqu'on se lève avant 6 heures du matin en tout cas... La faute à une propension à ne jamais commencer à l'heure dite, syndrome trop courant, mais aussi la faute à une première partie dont la nullité sera la seule excuse à ne pas livrer son nom à la vindicte publique. Peut être faire du minimalisme 8-bis avec vocoder fonctionne encore chez une frange branchouille du jeune public ; en ce qui concerne les vieux cons qui ont connu la fin des années 80, à l'époque où ça les emmerdait déjà, autant dire que ça laissa aussi froid que sa pinte.
En ce qui concerne le trio, la puissance attendue était là. On est parfois sur sa faim d'entendre un tel déluge dans une si petite cave, et les tympans morflent, mais l'énergie est là. Piazza à la batterie tape fort mais avec une verve inimitable et un humour timide qui tranche avec la sureté de sa frappe. C'est brut et direct comme le jeu de Sylvain Choinier, économe d'effet, au jeu de plus en plus râble et cherchant la sécheresse dans l'urgence. C'est un coup de poing franc et neutre, nerveux sans être agressif. Son entente avec le batteur est remarquable.
Quant à Dousteyssier, il est dans ce déluge comme une bactérie GFAJ-1 dans de l'arsenic, tant l'atmosphère du jeu de ce soir ressemble à un DDJ émacié. Son baryton peut être fluide tout en étant énorme, bruitiste et mélodique... En tout cas toujours brulant et à propos, même si les slaps de baryton à tous propos deviennent parfois un peu convenus.
En tout cas, voilà qui fait bien plaisir, pour un retour...