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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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23 janvier 2011

Place des Grands Hommes

Depuis quelques jours, le landerneau germanopratin et les joyeux pétitionnaires-en-rond ont remis un os sur le cadavre de Louis-Ferdinand Destouches dont la mère s'appelait Céline.
C'est amusant, au fond, et ça fait toujours rigoler, pour que même 50 ans après la mort de ce vieux fou, toutes ces braves inutilités soient encore à se mettre des mornifles à son sujet.
Rappelons les faits. Céline est mort en 1961. Il est de bon ton, dans les ors de la République de célébrer nos morts et Céline est un trépassé à compte rond. Nous entrerons dans la carrière quand nos ainés n'y seront plus, dit la comptine, celle que l'on chante aux enfants sages pour leur faire croire au Père Noël.
A cet effet, un vade mecum est publié par les Archives Nationales (celles qui accueilleront la "Maison de l'histoire de France" (visitée par deux enfants) chère à Lefuneste). Il sent bon l'iconographie des grands hommes dont le parcours moral, comme l'haleine et l'hygiène corporelle, est absolument irréprochable. Ca fait partie du décor ; pour ne pas dire du décorum dans lequel, au milieu, on glisse Frantz Fanon ou Resnais, histoire que tout le monde soit content.
Soyons honnête ; il sert avant tout aux chercheurs de subventions en manque de projet personnel pour se faire du bon beurre. Rien de tel que de s'intéresser à Liszt ou à Couperin lorsque c'est "leur année" pour amasser du Picaillon. il peut également servir de calendrier pour les nostalgiques du Panthéon.
Au milieu de ça, Céline. L'image du Janus, de celui qu'on est toujours embêté de dire qu'on l'aime quand la fin de sa vie ne fut qu'ordure et dévoiement. Céline qui fait causer dans cette liste puisque, vous comprenez, il n'est guère propre d'avoir assumé jusqu'au bout ce que des futurs ministres ou des comique-troupiers méridionaux ont planqué sous leurs médailles et leurs raideurs de cou.
J'aime Céline. Franchement, ouvertement, sans concession quand bien même ce qu'il fut dès la fin des années 30 est absolument à l'opposé de ce que je suis, de ce que je pense, de ce que je défend. J'aime Céline pour sa fulgurance et sa liberté.
Le voir dans une liste d'honneur à sans doute quoi choquer le chaland, quand bien même, sans sortir le compteur à saloperie, il le serait au côté de théoriciens de la colonisation ou de chefs de guerre embrassant une religion auquel il ne croit pas pour amasser des conquêtes territoriales. Ça a surtout de quoi faire tragiquement rire, pour qui s'est un jour intéressé à comment il finit, réprouvé de tous, ce qui n'était que la moindre des politesses.
A croire que le sale Destouches est victime du buzz ; au regard de la polémique qui fera sans nul doute un débat médiatique dans une émission à la mode, on peut se demander ce qui est passé par la tête de celui qui l'a mis dans cette foutue liste. On sait que tant qu'on parle de ça, on ne parle pas d'autre chose. Mais tout de même !
On est en droit aussi de se demander si les bonnes âmes qui s'indignent, qui s'étouffent, qui s'étranglent, qui se frappent le plexus de peur de ne pas y croire ne feraient pas mieux de garder leur rage pour quelque chose ayant un peu de consistance, voire d'estomac...
Mais c'est difficile, n'est-ce pas. Ça demanderait de se colleter au monde.
Quant à notre ministre en papier-bible, il n'est guère courageux dans cette affaire. Il avait laissé mettre Ferdinand dans ce traquenard pour l'en retirer aux premiers couinements du Flore. Ça devrait inciter nos syndicalistes à consommer du café au prix d'un salaire ouvrier. Manifestement, c'est plus utile que les démonstrations de masse...
Il y a quelques semaines, sur le plateau clinquant d'une quelconque courgette télévisée pour qui l'impertinence consiste à poser 200 fois de suite la même question sans en attendre quelconque réponse, notre ministre s'est soudain attribué les affaires étrangères, parlant haut de politiques internationale avec des airs de sachant pénétré par la marche du monde.
C'était entre autre pour vanter le caractère démocratique de la Tunisie de Ben Ali.
Alors, bien sur, l'avis de ces gens là sur la littérature et sur le monde, on peut s'en garder.
Comme du reste.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

47_Sur_alisme_parall_le

Commentaires
H
Bravo. Excellent. Merci. Mais pas gentil pour les courgettes, quand même.
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