Rayonnements
Nous le savons tous, en France, la Culture, c'est le sel de notre civilisation. Le rayonnement de notre Culture. La Lumière de nos savoirs. Les lumières de notre passé. Voltaire, qu'on prononce rond en bouche, comme un caramel mou qu'on déguste en le suçotant longuement. Ah, Voltaire... Quand un olibrius pétri de sa Culture de France l'évoque avec des sanglots dans la voix, on a toujours l'impression qu'il vient de nous causer sellerie de fauteuil.
La Culture française version IIIème République, images écornées et jaunasses qui vont avec le sémillant musée de l'Histoire de France, ce doux bercement d'illusions fait de grands hommes et de victoires, de légendes et de raccourcis. Bref, l'image en carton-pâte d'une identité nationale qui n'existe sans doute que dans la pensée fiévreuse de quelques dépressifs malingres et grisâtres. Leur vision de la Culture, à ceux là, c'est une Culture morte. Comme les langues mortes ; c'est mieux de les connaître et de les perpétuer pour en goûter le sens, mais ça ne doit pas remplacer le vivant. Sinon, on en vient à se flatter du retour d'un vague bureau dans un totem du tourisme hexagonal comme victoire de la Culture française quand celui aura coûté la moitié d'un an du budget de fonctionnement d'un théâtre National !
La Culture c'est l'échange, les lecteurs réguliers de ce blog y verront un fait entendu. Deux évènements récents dans lequel la Culture hexagonale et son rayonnement sont impliqués montre que celle-ci sent de plus en plus le renfermé et étouffe tout simplement, et ce n'est pas le regard sempiternellement malicieux de notre Ministre en Papier-Bible, qu'on entend moins depuis ses élans de ministre des Affaires Etrangères, qui peut faire illusion. Ce ne fut d'ailleurs jamais le cas. La Lumière de la Culture, en France, aujourd'hui c'est la vigueur des initiatives associatives ou territoriales. La Culture officielle, elle, brille à peine plus que la lumière fadouille d'un frigo mal refermé.
Il s'agit en premier lieu du Mexique.
On ne reviendra pas sur les causes de l'annulation de la plupart des évènements de ce symbole diplomatique de l'échange entre les peuples ni les conditions tragiques qui ont permis au joyau de l'art Pré-hispanique de donner des leçons d'indépendance de Justice à notre chef de guerre. Simplement, on aura une pensée émue et pleine de colère pour tous ces conservateurs de musée qui ont préparés fébrilement des expositions pleines de pièces incroyables -de l'archéologie à l'Art contemporain- pour parfois les voir repartir la veille de l'ouverture... Tout ça pour que des ergots et des ego puissent s'assumer.
Mais le Japon ?
Qu'est-ce qui c'est passé au Japon avec la Culture française récemment ? C'est vrai qu'on en a guère parlé en France, préférant faire tourner des images voyeuristes de villes englouties. C'est un tweet et un article dans un webzine d'Art contemporain américain qui nous en aura informé.
Ainsi, 84 peintures impressionnistes (le must de notre rayonnement peinturluresque à l'étranger) devaient faire le voyage jusqu'à la Préfecture d'Hiroshima afin d'être exposées dans le cadre d'une expo sur ce thème. Elles devaient s'envoler, les veinardes, vers le soleil du sud du Japon le 24 mars pour une expo commençant le 5 avril.
Elles ne partiront pas, sans raisons officielles, mais certainement dues aux risques de radiations... Je ne résiste pas au fait de vous faire partager la carte proposée par le webzine hyperallergic. Comment ne pas s'emplir de colère ?
Comment, lorsqu'on connait un peu le Japon ne pas mesurer l'humiliation de cette décision, sans doute dictée par la veulerie d'un principe de précaution ? Comment ne pas penser que cette exposition avait lieu à Hiroshima et se dire que la triple-peine est incroyablement violente ?
Mais qu'importe les discours n'est-ce pas, puisque l'important est sans doute d'avoir sauvegardé notre PA-TRI-MOINE dans des lieux qui moisissent de plus en plus sur pied.
Et ce coup-ci, tiens, la photo aura à voir.