Olivier Calmel Sha-Docks - Electro-Couac
Jeune pianiste bardé de talent, Olivier Calmel anime depuis plusieurs années la scène jazz hexagonale par divers projets. Remarqué depuis plusieurs années par son quartet où émargent des musiciens remarquables comme Vincent Peirani ou Karl Jannuska (on parlera du disque Empreintes dans quelques semaines), le pianiste a toujours aimé visiter des paysages différents en fusion permanente, entre jazz et musique écrite occidentale, entre rock primesautier et électro chaleureuse.
La générosité de la musique de Calmel ne cherche pas à bousculer les barrières et évite toutes forme de complexité inutile. Sa finesse d'écriture, alliée à cette volonté claire d'emprunter une voie assez lumineuse où la ligne est claire. Cela permet de rassembler toutes ces influences sans que l'on voit les coutures ou sans que l'on y trouve du simplisme.
C'est certainement son projet Sha-Docks en quintet qui lui permet le mieux cette liberté, notamment avec la solidité de sa base rythmique (Bruno Schorp à la basse électrique et contrebasse et Frédéric Delestré à la batterie) qui sert parfaitement les autres comparses de Calmel, le saxophoniste Christophe Panzani et le violoniste alto Frédéric Eymard ,véritable alter-ego du pianiste, notamment sur un morceau comme "La générosité n'attend pas". Il y a dans cet échange entre l'alto et le piano comme une alliance très onirique qui évoque parfois une légèreté debussyenne qui s'intègre avec plaisir dans la joie de jouer de ces Sha-Docks.
A l'écoute de l'album Electro-Couac, les petits personnages tordus de Rouxel collent bien à l'imagerie du groupe. Si les Gibis, ennemis intimes des Shadocks étaient des rationnels d'un ennui mortel, les shadocks eux même étaient de joyeux insouciants qui passaient le temps à pomper... Pour en extraire un groove pur ? C''est ce que l'on peut penser à l'écoute d'un morceau comme "pompier pyromane", certainement l'un des plus efficace de cet album où l'électro s'instille en douceur, non pas en acteur principal où en contrepoint acide, mais comme un surligneur des couleurs, comme un camaïeu supplémentaire à glisser dans un arc-en-ciel déjà pétulant.
Par certains aspects, Sha-Docks est comme une ville un peu foutraque où l'on visiterait des quartiers bien poreux et surtout qui évoluent en bonne intelligent collective.. on trouve d'abord le quartier oriental qui évoque Bojan Z ou Garcia-Fons ("Z trail OMT"). Sur ce morceau les invités sont les membres de son ancien quartet (Peirani, etc.) pour une entrée en matière jouissive et qui fait comme un lien avec les projets précédents. Il y a plus loin les friches plus sauvages où soufflent l'esprit de Fauré dans le "prologue en forme de prélude" qui nous montre un Olivier Calmel qui embrasse toute ses influences avec la gourmandise des passionnés jamais rassasié. Autant dire que nous ne le sommes pas non plus, et que l'on ne peut que vivement conseiller un tel plaisir de jouer.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...