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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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31 juillet 2011

Dimanche Vidéo

Cette période d'été pourrait être réputée fort calme, mais il se passe beaucoup de choses relatées par cet outil remarquable qu'est Arte Live Web. C'est ainsi que pour la semaine, je ne pourrai que conseiller aux curieux de visiter le site pour découvrir un festival de Porquerolles succullent !
On en parlait il y a peu... Dédé Minvielle nous offre une version jouissive et poétique d'une de ses plus belle chanson, avec d'excellents musiciens, dont Suarez à l'accordéon et Charolles à la batterie ! On retrouve Dédé en duo avec Suarez dans une autre vidéo.
Toujours à Porquerolles, le trio de tungstène qui visite les les nuits africaines... Texier, Romano et Sclavis en roue plus que libre pour la suite des suites des magies africaines. Peu de mots là dessus, juste une musique !
On finira par un feu follet de 74 ans, le grand Archie Shepp qui étonne toujours par sa sagacité. Ici, ce sont avec des musiciens Gnawa quele maître se produit pour un moment jouissif et d'une rare classe.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir..

04-Sirena

Commentaires
L
Et donc, j'enterrine de sanglier.
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L
Pardon, Mamie, je n’aurai pas dû de mêler à cela. Je m’excuse. Si je rétablis la vérité ici, arrêteras-tu de me tirer les cheveux au bureau ? Merci.<br /> <br /> Mon très cher Eric. Je t’ai menti. Tu demandes quelle gloire pouvais-tu tirer d’avoir débarrassé la France d’une bretonne pour la propulser chez nos plus veules ennemis quand tes enfants fantasmées meurent de faim ? Ne te rends-tu pas compte qu’en aidant mon retour à Avalon, tu sauves à la fois l’ancienne croyance, et la France ?<br /> <br /> La France, oui. Tu as bien lu. Car en m’exilant ici, je suis comme un cheval de Troie, apprenant les us et coutumes de ces Saxons qui ont dénaturé Avalon, évaluant leurs défenses stratégiques, identifiant leurs points faibles afin de lancer une ultime offensive dans leur tronche d’Allemands dégénérés. En vérité, je te le dis, ces vils teutons ont perverti Avalon en Albion, incapables qu’ils sont de prononcer les labiales correctement. Ils ont tourné en ridicule l’ancienne croyance en parquant les druides dans des parcs d’attraction au fin fond du pays, en y organisant une espèce de monopoly géant, avec des monnaies factices qu’ils disent égales à la leur pour leurrer le reste du monde. Mais je sais, comme tous les habitants des réserves celtes qu’une fois la limite du parc passée, ils ne les acceptent pas. Soit disant, ce n’est juridiquement pas la même monnaie, car elle n’est pas frappée par la couronne.<br /> <br /> La couronne. Encore un de ces affronts germaniques. Mettre au-dessus de nos têtes un bouffon à joyaux, une marionnette sans pouvoir mais auquel nous devons allégeance. Nous, les fiers celtes, les gardiens de l’ancienne croyance devons nous plier devant cette soi-disante monarque de droit divin, d’un dieu que nous ne reconnaissons pas. Ce fut là le pire avilissement de tous. Cet hommage forcé à la couronne. De là est né notre courroux.<br /> <br /> C’est pour cela que je suis partie. <br /> C’est pour cela que nous avons sacrifié tant de sangliers.<br /> <br /> Les sangliers sont de valeureux combattants. Leur vigueur leur a valu d’être l’animal totem de Lug, et ils ont accepté de m’aider dans cette difficile tâche qui est de bouter l’Anglais hors d’Avalon. Tu te demandes comment ces fières bêtes peuvent m’aider dans ma mission alors qu’elles sont mortes ? Saches que les sangliers ont la tête d’hure. Même une fois mortes, elles peuvent renaître, et devenir alors l’outil de celui ou celle qui les aura fait renaître. Je vois à ton sourcil froncé et la lueur d’inquiétude dans tes yeux que tu as compris mon dessein.<br /> <br /> Une armée de sangliers-zombies.<br /> <br /> Je ne peux pas t’en dire plus, de peur compromettre ma mission ici. Tout ce que je peux te dire, c’est que cette fois-ci, les brumes ne les protègeront pas.
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L
Mon très cher Eric. Je suis désolée que tes enfants fantasmés n'aient rien eu à manger. Je te rassure de suite, l'ancienne croyance a horreur du gâchis. Les sangliers ont été utilisé par l'esprit de mon arrière grand-mère Kula, née Franceschi, enterrée non loin de là, pour faire de la charcuterie corse en vue des festivités de 2012.<br /> <br /> Apparemment, les morts adorent bouffer du saucisson en sirotant une liqueur de gui lors des catastrophes apocalyptiques. Encore mieux que le ciné, qu'ils disent.
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L
Il n’empêche. Si j’avais su qu’il y aurait autant de sangliers à ramasser suite à la cérémonie druidique, je serais bien resté quelques jours de plus pour remplir la Twingo de cuissots. C’est que les temps sont rudes dans les Vosges. <br /> <br /> Mine de rien, après la cérémonie, il a fallut que je regagne mon logis à l’autre bout de la France. Là où les seules légendes qui subsistent ne parlent que d’un animal bancal à peine apte à tenir dans une pente. Le coté féerique on l’a perdu depuis longtemps. Alors pour nous, un sanglier mort, c’est d’abord de la viande, une source de protéines non négligeable et l’assurance de subsister quelques jours de plus pendant un hiver qui s’annonçait rude. Inutile de préciser qu’un fagot de sanglier c’est une fortune. <br /> <br /> Gwen, pourquoi ne m’as-tu pas informé de ce qui se passerait ensuite ? Après la réunion, je suis retourné nonchalamment vers mes montagnes d’opérettes natales. La Twingo bleu azur (ou indigo schtroumpf suivant l’angle avec lequel on la voit) avalait les kilomètres de bitumes. Si j’avais su. J’aurais pu collecter des monceaux de gibier à soies qui auraient été à moi. Admirez le jeu de mot alors que la phrase est tragique. Car même dans le désespoir le plus total, un vosgien ne se départit jamais de son sens de l’humour. Il est né avec, chevillé à son corps. Heureusement d’ailleurs. C’est son seul moyen de survie dans ce milieu hostile.<br /> <br /> Ignorant ce que je venais de rater je m’en retournai donc vers mes terres. Arrivé à la maison, bien sûr les nombreuses progénitures s’enquirent de ce que j’avais bien pu ramener à manger, qui pouvait justifier une absence de deux jours. Ca devait être un met fort rare, une succulence si fine qu’il fallait la chercher loin. Piteusement, j’admis que je n’avais rien ramené et que si j’étais parti si longtemps, c’était pour rendre service à la musique et la France. Ou dans l’ordre inverse. Je ne sais plus très bien. Quelle gloire pouvais-je tirer de nous être débarassé d’une bretonne pour la propulser chez nos plus veules ennemis quand mes enfants* meurent de faim ? J’avais honte de mon retour. Je n’oserais plus jamais les regarder en face. Bon, en même temps, si vous avez déjà lu l’astérisque collé un peu plus haut, vous vous en foutez royalement de ce que je raconte. Je pourrais bien ajouter que je les ai sacrifiés que ça ne vous fait ni chaud ni froid. Bande de sans cœur. <br /> <br /> Il n’empêche, Gwen, La prochaine fois qu’on fait une cérémonie rituelle à la façon breizh. Je veux bien porter une toge, je veux bien que tu m’appelles droïde si ça te fait plaisir, je veux bien que tu utilise des noms que je ne comprends pas, je veux bien qu’on joue d’instruments à vent, je veux bien manger des saucisses trempées dans le beurre et emballées dans des galettes aux beurre avec une tartine de bain beurré pour faire glisser, je veux bien que tu danses dans le vent et que tu te prennes pour la fille du forgeron. Mais de grâce, laisse-moi venir avec une glacière. J’adore le sanglier.<br /> <br /> *A ma connaissance, je n’ai pas d’enfants.
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L
Il est des rites aussi vieux que le monde lui-même. Certains perdurent encore de nos jours, mâtinés d’une couche superficielle de la dernière religion en vogue – et parfois aussi d’une couche de sucre, comme la bûche de Noël. D’autres se font dans le secret de cercles d’initiés car ils célèbrent des forces que seuls certains sont capables de contrôler.<br /> <br /> En Asie du Sud-Est, certaines populations honorent leurs morts avec des sacrifices de buffles, et ainsi faciliter le passage de leur âme dans l’autre monde, le buffle leur servant alors de guide. Il existait dans l’ancienne Gaule des rites de passage similaires, mais faute de buffles, ils utilisaient ce qu’ils avaient sous la main : vaches, cerfs, sangliers…. Ces rites se sont éteints petit à petit dans toute la Gaule suite à l’invasion romaine. Toute ? Non ! Une poignée d’irréductibles Gaulois a résisté, et résiste encore à l’hégémonie judéo-chrétienne en transmettant de druide à apprenti-druide les anciens rituels celtes. Les siècles passant, les gens en ont oublié jusqu’à leur existence, préférant la facilité d’une religion binaire à la subtile métaphysique de l’ancienne croyance. Pourtant, il y a, de-ci, de-là, des signes révélateurs de leur présence. Les anciens sacrifices de gibier sur le feu sacré de Yule persistent encore dans nos foyers. On en a même fait un film pour enfants. Dans la mémoire collective, leur terre est toujours synonyme de légendes fantastiques et de résistance magique. On en a même fait une bande-dessinée. Afin d’assurer la protection des meilleurs d’entre eux, ces derniers ont migré sur île protégé par les brumes. On en a même fait un pays.<br /> <br /> Arvor. Petite sœur d’Avalon, où les druides gaulois se font réfugiés en -50 avant JC pour perpétuer leurs traditions ancestrales. Avalon. Ile des grands druides, dont la protection inattendue et invincible lui a valu d’être surnommé la Perfide.<br /> <br /> Ces terres, je les fréquente depuis ma plus tendre enfance. J’ai appris à parler avec les animaux, à décrypter les messages des nuages, à comprendre la brume et ses mystérieuses prédictions. J’ai appris les légendes, les chansons, autant de formes qui composent les arcanes du vent. Toute cette préparation minutieuse et patiente afin qu’un jour, je puisse honorer mes racines et devenir, à mon tour, celle qui fera vivre et perpétuer ces rites oubliés. Et le travail a payé. <br /> <br /> Récemment, j’avais enfin intégré une confrérie œuvrant pour la grandeur de la puissance de la Terre mère, sous couvert d’une danse aux parfums sensuels et exotiques. On dit toujours que les mensonges les plus gros sont ceux qui passent le plus inaperçus. Nous tenions nos cérémonies sur scène, et personne n’y a vu que du feu. J’étais heureuse de pouvoir m’adonner à l’ancienne croyance de manière aussi publique, espérant au fond de moi que d’autres nous rejoindraient. Que nous retournerions tous à l’époque bénie des temps pré-arthuriens. Ce que je ne savais pas, c’est que les anciens avaient prédit pour moi un tout autre dessein.<br /> <br /> Selon une vieille prophétie, la fille née de la mer, la Morrigane renaîtra et, une fois arrivée à maturité, elle sera amenée à braver les blanches écumes et épais brouillards pour revenir à Avalon, et de là y ramener les âmes perdues de ce monde binaire à l’ancienne croyance. Cette prophétie, je la connaissais. Ce que je n’avais pas compris, c’était le lien entre cette prophétie et moi. Je n’avais pas su lire les signes avant coureurs. Erreur de jeunesse. Depuis quelques années, quelques autres druides avaient commencé à m’appeler la Sirène. Je n’ai pas fait le lien à l’époque. Il a fallu qu’Avalon m’envoie un messager pour me faire comprendre le message. Il était temps que je rejoigne cette île mystérieuse afin de terminer mon apprentissage et enfin parler la langue des anciens. <br /> <br /> Ce que ne dit pas la prophétie, c’est que le messager sera l’homme qui aidera la Morrigane à murir, qui l’aimera pour qu’elle prenne toute sa dimension. Mon départ pour Avalon avait donc une double signification : en me réalisant en tant que femme, je réalisai la prophétie. La cérémonie de mon départ devait alors revêtir ce caractère dual. J’ai donc choisi le lieu en fonction. Un lieu en Armorique entre terre et mer. Un ancien lieu druidique, encore utilisé de nos jours sous couverts d’abbaye chrétienne. Le berceau de ma famille. Mes ancêtres pouvaient alors eux aussi participer à cette bénédiction de l’autre monde. Cependant, je ne pouvais pas diriger le rituel, étant moi-même l’objet de celui-ci. J’ai donc demandé à un ami druide proche de le faire. Malgré ses origines vosgiennes, c’était le plus apte à le mener : il fallait quelqu’un d’impitoyable, quelqu’un qui bien qu’aimant la nature, ne reculerait pas au dernier moment, au moment du sacrifice.<br /> <br /> Selon l’ancienne croyance, je passais à la fois du statut de fille au statut de femme, et du statut de simple humaine de chair et de sang au statut de fée, ou déesse. C’était à la fois une petite mort suite à laquelle il me fallait me guider, et une renaissance d’un moi réalisé encore plus fort, plus sauvage, prêt à combattre jusqu’à la mort pour la survie de cette foi si chère à mon cœur. Ce type d’occasion requiert le sacrifice d’animal qui pourra apporter ses vertus à celui qu’il guide. Qui de mieux que le sanglier représente cette force animal et sauvage à lutter pour sa vie ?<br /> <br /> Pour m’assurer la bénédiction des toutes les forces de la nature, j’ai demandé à mon ami druide de catalyser la présence du vent. Devant nous, nous aurions cet espace indéfini entre terre mer que l’on appelle la Baie, mais je n’étais pas sure de la présence du vent. Quoi de mieux pour cela que de jouer d’instruments à vent, et de laisser peu à peu le vent jouer lui-même, de prendre possession de ces médiums et ainsi nous bénir ?<br /> <br /> Nous savions que cela risquerait de nous être audiblement pénible, mais c’était notre devoir de mener à bien la cérémonie, pour que je puisse rejoindre Avalon sous les meilleurs auspices, et terminer mon apprentissage auprès de Mannanan.<br /> <br /> Les sangliers n’ont pas souffert. Ces animaux courageux, en entendant l’appel du vent, se sont groupés en masse sur les rivages d’Armorique. Fiers, ils ont attendus là que les brumes d’Avalon viennent les entourer et les endormir pour l’éternité. Pour qu’aucune goutte de sang ne soit versée, et ne vienne entacher la blanche Sirène.<br /> <br /> Mon déménagement s’est bien passé. <br /> Merci les sangliers.
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