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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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30 septembre 2014

Lars Bech Pilgaard - I Want You To Be Around Me

Repéré au sein de la formation Franco-danoise The Whøøøh, le guitariste Lars Bech Pilgaard est un de ces musiciens qui se joue des pédales et de l'électricité comme d'un chaudronnier d'art, mêlant la fusion à la flamme de la masse électrique et ses multiples distorsions tout en gardant un sens très précis de la dorure et de l'enluminure, de la dentelle métallique qui donne de la légèreté à un matériau froid, rèche, massif et plein d'aspérité.
Au Danemark, Pilgaard est surtout connu pour son quartet Slowburn, où l'on retrouve le clarinettiste Lars Greve qu'on a pu lui-même apercevoir aux côté de Sven-Åke Johansson. Son dernier album, Freheit, est sorti comme le solo qui nous concerne aujourd'hui sur le label danois Mom Eat Dad Records. Un mélange de métal fièvreux et de brisures Free tout en gardant un certain aspect mélodique qui s'inscrit dans la démarche esthétique de labels comme Carton, Coax, ou encore BeCoq.
Nous aurons prochainement l'occasion d'évoquer cet album sur Citizen Jazz.
Quoiqu'il en soit, on peut penser, à juste titre, que I Want You To Be Around Me, solo de guitare électrique imaginé par Pilgaard, se range auprès des déflagrations du Serendipity d'Olivier Benoit ou de l'Acapulco de Julien Desprez. Du moins, pas éloigner, bien que moins vindicatif. Ce qui ne l'empêche pas d'être plus obstiné.
On est effectivement dans une même volonté de donner du sens au chaos et de mettre en perspective les écorchures bruitiste pour modeler ce produit brut en un matériau chaleureux et nerveux.
Mais il n'y a pas cette perspective déflagratoire que l'on pouvait retrouver par exemple chez Desprez. Evidemment, à l'écoute du long morceau "Give a Fuck" central, et cette écorchure, répétée, lancinante, presque étourdissante de régularité, brûlante pour le moins, on peut avoir le même sentiment de dramaturgie du bruit, de sensation physique de pénétration dans un chaos bruitiste qui vous chamboule ; mais le sentiment est différent.
Il y a une recherche de transe dans le solo de Pilgaard qui se traduit notamment par une présence d'élément de musique mandingue qui semblent sortir des entailles de la distorsion. Ecoutez un morceau comme "Lille Bjärn", et cet ostinato cabossé qui semble s'enrouler autour d'un interminable larsen.
N'y a-t-il pas de l'Ali Farka Touré ou du Sékou Kouyaté qui joue de la Kora électrique ? De même, dans "Intermezzo", n'a-ton pas une sensation d'entendre un n'goni transmuté dans la boucle étourdissant qui nous fait face ?
Lorsqu'on sait le goût de Pilgaard pour la musique africaine, il n'y a rien de surprenant... Mais c'est une Afrique mutante, fièvreuse, errante dans le chaos où se plonge des racines fantasmées.
I Want You To Be Around Me est l'expression pure et simple de Pilgaard à la guitare. Dans The Whøøøh, on avait pu ressentir un goût pour ces motifs répétitifs, il est ici multiplié. Cette musique saisit absolument et vous enserre... L'expérience est éprouvante parfois, mais assez fascinante.
Les rouennais auront l'occasion de découvrir ce guitariste au sein de The Whøøøh le 2 octobre lors de la première Lubie Vibrante
On s'y verra.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

10-Electri

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