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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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23 janvier 2015

SNAP - Bras

A l'écoute de SNAP, la nouvelle sortie du label Carton Records, on assiste médusé à deux phénomènes : d'abord une claque furtive que l'on prend face à l'afflux de l'électricité. Et puis ensuite à un double reconstitution de ligue dissoute dont le guitariste Julien Desprez serait la pièce centrale, bringuebalante et grinçante.
La claque, elle est dans la courte durée de l'album, moins d'une demi-heure, à peine plus de 20 minutes, qui vous saisit sans prévenir et vous laisse souffler par tant de remous instables. Le format ramassé ne laisse aucune échappatoire au chaos. Pas de moment de répit, aucune plage un peu plus contemplative.
Du Brut, absolument.
C'est l'urgence qui est au rendez-vous de "Cocktail", fulgurance d'une trentaine de secondes ou les instruments semblent avoir à fuir un drone insistant et coriace. Ce dernier se nourrit à la fois du ronronnement de la guitare que du jaillissement électrique soudain et lance parfaitement les mouvements fébriles et désordonnés de "Laine".
L'électricité s'y résume en un cri.
D'un côté, avec le batteur Yann Joussein, c'est l'esprit de DDJ qui est convoqué. On en retrouve trace dans la lente déconstruction de "Beat" ou la batterie semble se perdre dans un abîme de rythmique contradictoire pendant que la guitare garde un cap plein de tension par des riffs raides comme la justice.
Avec Clément Edouard, c'est l'Aura d'Irène qui survole le maelström ; dans le quartet de Sébastien Brun, Clément est saxophoniste et tripatouille des claviers et des boutons. Dans SNAP, c'est uniquement une électronique contondante et invasive que tente d'apprivoiser Edouard. Ca ne se fait pas sans soubresaut. On passe d'un morceau à l'autre avec une impression d'absolue continuité parfois quelque peu inquiétante, jusqu'à un "341" plus long en forme d'exutoire.
Tout à l'air d'être immuable, comme autant de micro-séquences qui s'intercalent dans une gigantesque bousculade qui crèent de nouvelles formes. Sur "341", la batterie perfore une masse d'énergie grinçante où guitare et claviers se confondent, se superposent, se chevauchent et se bouscule sans qu'on y trouve aucune construction durable qui se maintienne plus qu'une poignée de secondes...
Et pourtant à la fin, essorés, retourné d'avoir été malmené par cette orgie d'acide, se dessine une architecture générale, logique, implacable, comme une certaine définition du chaos. On reconnaît là la patte de ces trois musiciens qui aiment à faire de leur instruments, et par extension de leur formation un véritable générateur de sons qui donne au mélange de leurs ondes une véritable dimension physique.
Peut on encore parler de Power Trio ? Le mot est galvaudé, et ne donne pas les clés d'un groupe qui n'a pas besoin de réclamer la puissance ou la violence : elle est là, inhérente, jaillissante, fulgurante...
Existentielle, en un mot.
SNAP fait partie du collectif COAX, et le label COAX Records co-produit cet album. Le collectif Coax fait partie des jeunes collectifs de jazz français qui ont créé l'évènement Collision Collective dont le premier épisode aura lieu à Rouen (joie) à partir de ce soir.
Ne manquez pas demain le concert au 106. On y verra Desprez, et son Acapulco...

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

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