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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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7 avril 2015

le (soft) Pouvoir n'est pas dans les boiseries

D'habitude, une grève à Radio France, c'est une journée.
Maussade, souvent, mais toujours solidaire, car il suffit de tourner le bouton vers les radios qu'on appelait avant « périphériques » pour se rendre compte de la crasse et du prurit idéologique qui germent entre les pubs. Mais trois semaines, on est à deux doigts de la déprime ; une déprime qui se mâtine de colère et d'un soutien indéfectible aux grévistes.
Parce qu'il n'est pas seulement question des moyens alloués à une radio de Service Public pour faire son boulot. Il s'agit en creux -un creux dont le bosselage devient de jours en jours plus saillant-, d'une véritable question de société ; la nôtre, et ce qu'on veut en faire.
C'est en cela que cette lutte est exemplaire.
Reprenons notre errance matinale à la recherche de quelques menues infos, en guise d'illustration. Certains amis se sont vite étonné de ce besoin de radio exprimé par de nombreux utilisateurs de Twitter et autre générateur d'information circulaire ; mais c'est comme le café qui s'accommode mal de l'absence de clope pour le récent sevré. L'oeil torve du matin a besoin d'un paysage sonore, l'oreille curieuse du soir a besoin de voyages, de grands formats ou d'émission musicale.
Parce qu'on a beau régulièrement râler, entre trainspotters des incongruités matinales de tel ou tel chroniqueur des stations publiques, on les aime et ils nous manquent.
(oui, même Dominique Seux et Philippe Manière. Enfin non, pas Dominique Seux et Philippe Manière)
Le premier jour, on met Europe 1. Souvenir d'enfance des autocollants au cul de la GS et de Pierre Bellemare. Ce qui marque en premier, aux oreilles habituées aux choses de la radio -en cherchant bien, je dois avoir un numéro Radio France empoussiéré pour quelques piges et des années de radio associative au compteur- c'est l'atmosphère criarde, compressée, aigue. L'agressivité sous-jacente des infos sordides. La laideur des faits-divers crûment exposés comme sous cellophane, éclairés par les néons blafards des supermarchés qui serinent leur pub entre deux chroniques simplistes, dont l'orientation poujado-libérale ne se cache même pas.
Le second jour, on met RTL, en se rappelant que certains journalistes de Radio France disent le plus grand bien de cette matinale. Même sentiment d'agression, plus feutrée cependant. Ici, on serine le catéchisme libéral avec plus de décontraction, entre un horoscope et un jeu débile. C'est presque intéressant, sociologiquement parlant.
Mais 10 minutes.
Il s'est même trouvé un moment en voiture où une collègue, dans un moment de désespoir, est passée sur RMC info.
Bourdin a beau dire que ce n'est pas là la radio du FN, ce que j'y ai entendu ressemblait fort aux tracts chiffonnés aperçus sur les marchés. Ce n'est pas la radio qui parle : On laisse parler les gens, sans contexte et on joue le jeu de l'info pour les publicitaires.
Le vomi froid ferait vendre, on ouvrirait le micro à la gastro-entérite.
Le troisième jour, on n'écoute plus la radio nulle part, ou alors les émissions des grévistes, en se disant qu'il faut tout faire pour que perdure l'offre d'une info sans hystérie des matinales de Marc Voinchet sur Culture, les reportages au long cours, le temps laissé à la parole voire au silence, aux fictions et aux émissions d'une semaine durant sur un sujet historique ou sur un compositeur obscur.
Bref, sur tout ce qui rend la vie moins moche et ouvre à la compréhension du monde.
C'est le dessein de la maison de la Radio, et n'en déplaise aux gestionnaires, ça n'a rien de quantifiable. Il faut lire à ce sujet la tribune de Philippe Meyer. Ce garçon sait parfois être un peu agaçant, mais c'est avant tout un vrai passionné de radio. Son texte est juste jusqu'à la dernière virgule. Ce qui se joue aujourd'hui, ce n'est pas seulement les histoires politiques entre le CSA et le Gouvernement. Ce ne sont pas les factures boisées de la direction révélées par le Canard Enchaîné.
Ce qui se joue avec les orchestres de Radio France qu'on veut vendre au moins offrant comme s'il s'agissait d'un vieux bout d'autoroute, avec la mutualisation des rédactions qui tendra à taire le pluralisme ou avec le bannissement de France Musique sur Internet pour être sûr que la musique non commerciale reste dans un microcosme qui ne comprend rien aux algorithmes, c'est tout simplement une étape de plus dans la transformation de la Culture en boutique.
Tout ce qui ne se vend pas sera bradé, mis au fond du magasin, en attente d'être collé au rebut. Pas au nom de l'absence de qualité, mais sur l'autel des tableaux de bord et de ces fameux algorithmes. Sur ces petits crobards colorés qui reflètent tout sauf la réalité et permettent de trancher sur des décisions sans connaître comment fonctionne une radio.
Il y a quelques années, on nous parlait de Soft Power.
D'image de la France.
De « reconquête culturelle » dans le concert des Nations.
Nombreux sont les pays qui ont leur radio publique comme bras armé de cette politique diplomatique. La BBC gère six orchestres et une palanquée de radios thématiques. La radio allemande est l'une des plus prolixe dans la production de musique « savante » à l'instar de la Suisse... On pourrait multiplier les exemples aux Pays-Bas, en Finlande, etc.
En France ? La Cour des comptes veut se débarrasser d'orchestres alors que la Maison de la Radio vient de rénover des salles pour y jouer. Les labels sont en sommeil. On voulait fermer le bureau du jazz alors que les musiciens français s'exportent.
On rancit sur pied pour grignoter des centimes qui pourraient rapporter des liasses entières. La raison budgétaire, disent-ils. De la myopie au stade terminal.
Deux informations sont à rapprocher. Le désengagement budgétaire de l'Etat dans les conservatoires, laissés à la merci du désargentement des collectivités territoriales et le démantèlement programmé des orchestres de Radio France. C'est un paradigme dont la cohérence fait froid dans le dos. « Tuer un orchestre, c'est comme brûler des livres » dit ce texte formidable des grévistes de Radio France. C'est exactement cela, et ce n'est pas un point Godwin.
Souvenez-vous d'un truc : les gens de droite -et assimilés, au pouvoir- qui pleurnichent contre la dissolution des valeurs, les pertes d'identité et les repères prétendument envolés de la culture occidentale sont ceux qui vont faire crever les conservatoires et étrangler les orchestres.

L'ironie, décidément, est le pire des vitriols.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir ou presque... Vive la radio, ce qui la font, et ceux qui jouent dedans

07-JCRichard

Commentaires
L
Tu peux, la grève s'arrête aujourd'hui. Ton article devient caduc :D<br /> <br /> <br /> <br /> Hey.. La P'tite Sirène c'est open bar !!!
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F
Je pourris moi-même mon blog. C'est la déchéance. |o
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L
Yalta in Zebrugge ?<br /> <br /> <br /> <br /> Oulah mais ça ne se passera pas comme ça. Parce que les Rosbifs nous ici, on en mange deux tous les matins. Et même avec la ficelle. <br /> <br /> <br /> <br /> Cette invasion programmée, je vous conseille de la commencer sur une terre peut-être un peu plus acquise à votre cause. Un terre où on n’aurait pas encore bien choisi sa langue, une terre où on l’aspect laiteux des visages pourraient vous faciliter l’infiltration. Enfin, une terre qui vous permettrait d’étancher votre soif de breuvage à bulle et mousse : J’ai nommé la Belgique.<br /> <br /> <br /> <br /> D’une part c’est plus pratique pour vous, c’est moins loin. De plus, eux même ne savent même plus qu’elle est leur langue officielle. Alors vous pourrez toujours y apporter la vôtre. Et comme ils n’ont plus de gouvernement, la tâche n’en sera que plus simple. L’invasion du pays ne vous prendra que deux ou trois jours en fonction du vent et au final, nous serons voisin, mais sans que ça ne perturbe la routine franchouillarde dans laquelle nous nous complaisons depuis deux mille ans.<br /> <br /> <br /> <br /> C’est pas qu’on vous craigne, non : Les anglais n’ont finalement réussi à conquérir que.. l’Angleterre(*). Mais finalement, Waterloo serait plus à sa place dans le Royaume-Uni. Et puis comme ça vous ne toucheriez pas à la France. Si vraiment vous insistez, on veut bien céder Roubaix, Tourcoing et Givet. Plaisir d’offrir et joie de recevoir. <br /> <br /> <br /> <br /> Bon voilà, ça c’est une proposition non dénuée de sens. La Pax Chanella est respectée, les Belges qui sont un peu français, un peu allemands, un peu néerlandais, un peu luxembourgeois et qui ont été espagnols aussi seront un peu anglais. Ca ne changera pas grand-chose pour eux et pour nous ce sera toujours aussi sympa à visiter comme région. Il suffira juste que vous les laissiez cuisiner encore leurs Oiseaux sans Tête, Carbonades et autres spécialités. <br /> <br /> <br /> <br /> Je pense qu’on va pouvoir envisager un Yalta à moindre échelle pour mettre ça sur pied. Une négociation s’impose. <br /> <br /> <br /> <br /> (*) Pardon, j’oubliais Tristan Da Cunha. Cet ilot magnifique dans l’Atlantique Nord que le Monde entier vous envie. Si si.
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L
Franpi.. t'as vu ?? C'est pas moi qui ai commencé hein ? <br /> <br /> #cour de récré
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L
Mais c'est bien là toute la perfidie de notre plan, mon très cher Bête. Laissez-moi vous expliquer.<br /> <br /> <br /> <br /> Voyez-vous, techniquement une invasion n'est faite que par des étrangers. Or ma progéniture est française. D'accord, elle est autant française qu'anglaise, mais elle reste tout de même française. Donc pas étrangère. Donc ce n'est pas une invasion. Juste une vague née en mer d'Irlande et dont la couleur bleu vert sera toujours plus belle que la vague bleue marine dont on parle tant ces derniers temps. En apparté, j'ai entendu une très bonne reprise de "Let It Go" sur France Inter hier, dans laquelle Marine se libérait de son père, m'enfin tout ça c'est une autre histoire.<br /> <br /> <br /> <br /> De plus, comble de la perfidie, son père, malgré toute sa brittanicité et notre environnement actuel, se convertit peu à peu aux traits gaulois qui nous sont chers : une appréciation de la bonne bouffe et des repas avec les copains. Hier encore, je l'ai vu expliquer à un de nos amis que vraiment, une soirée où on fait à manger, puis on mange puis on joue aux jeux geek, c'est quand mm plus sympa que juste jouer en commandant des pizzas. Et cela sans intervention aucune de ma part. Et comme d'habitude dans ces cas là, il m'a fait part de sa haine envers moi car il se rend compte à quel point, subrepticement, il adopte l'esprit gaulois.<br /> <br /> <br /> <br /> Tout ça pour dire que lorsque nous lancerons nos plans à l'échelle mondiale, la France ne pourra résister à cette petite Frenchie for me, for me, formidable qui s'exprime aussi bien dans la langue de Voltaire que dans celle de Shakespeare. Les Etats-Unis quant à eux ne pourront résister à cette petite Frenchie à l'accent brittanique (comble de la sexitude apparemment). Et le Royaume-Uni dans tout ça ? Et bien comme d'habitude ils suivront les US, d'autant plus qu'elle sera aussi Anglaise.<br /> <br /> <br /> <br /> Comme vous pouvez le voir, mon très cher Bête, le plan est drôlement bien ficelé. Aussi bien ficelé qu'un rosbif. Et je sais de quoi je parle, j'en ai marié un.
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