Loustalot / Chesnel / Chiffoleau / Marguet - Old and New Songs
Lorsque quatre mélodistes se rencontrent, pour un quartet classique mais d'une incontestable élégance, il y a peu de chance d'être déçu.
Saisir le disque qui regroupe le trompettiste Yann Loustalot et le pianiste François Chesnel dans une ambiance proche de Verona, c'est l'assurance de passer un moment de douceur et de chaleur sans cependant céder à la facilité.
"File la laine", où la trompette très ronde de Loustalot rencontre la contrebasse claire et précise de Fred Chiffoleau en témoigne, d'autant que Christophe Marguet clôt le carré avec son éternelle invention coloriste, toujours à l'affut du moindre interstice pour y trouver une trouvaille rythmique où un frottement à propos.
Et puis il y a le titre, référentiel en Diable : Old and New Songs comme il y eût des Old and New Dream en quartet aussi avec Don Cherry et Charlie Haden. Ici, le saxophone est supplanté par le piano, qui joue souvent un rôle d'ouverture des possibles, notamment dans le très beau et énergique "La Romanella", un traditionnel italien où le toucher se fait solide et plutôt tranchant, un alliage galvanisé avec la contrebasse et la batterie, qui joue de ses cymbales avec malice.
S"il y a quelques parenté à tirer des deux quartet, c'est une certaine douceur dénuée de distance qui embrasse le monde avec une forme de candeur. Il y a clairement une volonté d'explorer un "song book" qui soit tout sauf américain et qui se promène d'Europe en Asie, non sans une certaine légèreté.
Ce n'est pas une Ici, c'est avec des chants traditionnels de tous pays, du joli et envoutant "Une jeune fillette" en passant par "Oshima Anko Bushi", entrepris par Chesnel avec un goût certain pour les silences.
Visiter le monde en un disque, sur des airs patrimoniaux, voici le désir de Marguet et ses amis. Loustalot est souvent en éclaireur, saisissant le thème pour mieux laisser à ses comparses toutes sortes d'enluminures.
Ainsi sur "Kristallen Den Fina", ritournelle norvégienne, le soufflant est une colonne vertébtrable qui permet aux balais du batteur et à la main droite de Chesnel de travailler le détail, copeau par copeau. Une statuette parfois un peu naïve et pleine de belles couleurs qui peut même parfois prendre des formes plus abstraites sur des partitions plus complexes comme le très courtois "La Belle va au jardin d'Amour", repris en son temps par Odeia, sans doute le morceau le plus intéressant de cet album sur le label Le Bruit Chic, qui édite les disques de Yann Loustalot depuis de nombreuses années.
Une jolie ballade, sans volonté d'autre chose que d'éclairer un chemin printanier et agréable.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...