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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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25 mars 2019

Paris-Londres Music Migrations, une visite

 De passage à Paris pour des raisons familiales, j'ai été voir avec plaisir l'exposition Paris-Londres Music Migrations 1962-1989 avec un plaisir mélangé de joie, de nostalgie et d'une forme de tristesse. Des sentiments mêlés donc, mais qui sont tous un par un extrêmement importants ; tout comme l'est cette exposition.
Il en fallait beaucoup pour que ce blog se ravive d'un point de vue autre que les chroniques strictement musicales, et c'est sans doute cette exposition qui se termine le 5 janvier 2020 (vous n'avez donc aucune sorte d'excuse de ne pas y aller) qui en est à l'origine.
Les raisons sont simples.
J'ai 45 ans bientôt. En 1989, j'avais 15 ans, et entre Les Garçons Bouchers, la Mano Negra, le rap d'ice T et le Ska des Specials, mon environnement culturel et politique était celui de l'antiracisme militants : les campagnes pour Mandela, la mémoire de Steve Biko, l'assassinat de Jean-Marie Tjibaou, le souvenir de la marche pour l'Egalité, les figures des Clash et du carnaval de Notting Hill, les musiques africaines qui perçaient les ondes avant que l'âge et la culture musicale sache faire la différence entre World Music et Sono Mondiale, la découverte d'Areski et de Colette Magny, puis un peu plus tard de Radio Nova et de tous les liens logiques et les raccrochages de wagon (que mon ami Cyrille en soit publiquement remercié) de toutes les musiques que j'écoutais par ailleurs et que -surprise-, j'écoute toujours...
L'éveil politique est venu de là, essentiellement de ces musiques, et redécouvrir dans cette expo à la fois les germes et les fruits (Les années 60 à Londres avec l'arrivée des Jamaïcains, les mobilisations des travailleurs immigrés dans les foyers Sonacotra qui ont permis les dialogues entre les musiques et les traditions, la créolisation de certains instruments, le souffle qui changea totalement les musiques de danse, etc.). La nostalgie aussi : le souvenir de luttes, d'affiches, de certaines musiques entendues dans certains contextes, de discussions avinées improductives et interminables sur l'inanité du reggae, le fait d'être passé à côté de choses, d'entendre Dibango expliquer que la musique africaine traditionnelle est arrivée par les foyers... Mais aussi des impasses faites par les commissaires de l'expo : Magny, Areski et Fontaine, Francis Bebey (on ne peut pas tout mettre).
A l'inverse, la joie des découvertes : Constance Mullando, Vigon, etc.
La tristesse enfin. D'être vieux sans doute, mais aussi de voir dans quel état nous sommes tous alors que nous nous sommes tant battu et nous battons encore. Pour quel résultat politique ? Pour quelles musiques de masse ? De cette perte d'une vision des luttes qui ne piétinait pas les revendications particulières sans mettre à mal le caractère global et -accesoirement- des émissions de télé qui offrait de la vraie diversité, pas simplement quelques visages castés.
Une tristesse qui remobilise ? Commencez par aller voir l'expo !

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

113-Souel

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