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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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19 octobre 2024

Le Mirifique Orchestra - Verdi Remix

Quand on s’attache à la voix, la tentation opératique n’est jamais loin.
Quand on s’intéresse, voire qu’on se dédie à l’amour, il ne peut y avoir que l’Opéra. On avait laissé l’an passé le Mirifique Orchestra, fière formation co-animée et pluri-dirigée par le corniste Emmanuel Bénèche et le saxophoniste Alban Darche au milieu des chansons d’amour. On les retrouve en train d’offrir un Remix à Giuseppe Verdi, tout sourire sur la pochette.
D’Aïda, la passionnée éperdue, à Fenena, l’éprise mystérieuse du Nabucco, le thème amoureux est toujours celui du Mirifique. Quant à Verdi, on comprendra à l’écoute de son « Liabiamo ne’lieti calici », où la flûte de Thomas Solet et la batterie de Meivelyan Jacquot donne des airs de baloche primesautier à la Traviata, que la dimension populaire de l’opéra n’est jamais très loin.
À condition d’en retrancher les voix.
On le sait, quand il s’agit de parler de la plus savante des musiques populaires, le jazz et l’opéra sont cousins germains. L’approche de Bénèche et Darche sur cette relecture verdienne, s’inscrit dans une logique respectueuse (amoureuse ?) de ce patrimoine, avec une volonté de lui donner une autre dimension, et de le faire sien : c’est une démarche qu’on connaît bien chez Laurent Dehors où chez Mike Westbrook, et à l’écoute de la pétulante « Missa de Requiem : Dies Irae », on comprend vite qu’on a au Mirifique la volonté de sonner comme un Brass Band, à l’image de ce que Westbrook avait réalisé avec Rossini. Les cors (Pierre-Yves le Masne s’ajoute à Bénèche) et surtout la trompette d’Hervé Michelet jouent un rôle central dans ce Verdi Remix.
Ils permettent au talent d’arrangeur et de compositeur d’Alban Darche de s’exprimer pleinement
.C’est dans « Variations sur la marche triomphale d’Aïda » que Darche s’exprime pleinement, avec une relecture lumineuse sous la direction nerveuse de Bénèche. La force, tout comme pour « La forza del destino », c’est d’imposer aux tubes verdien la dimension cinématographique et raffinée de la patte Darche, ces motifs ouvragée et nacrés, simples, tronquées du thème, qui viennent bâtir un chemin pavé d’images, comme il avait su le faire, avec un autre orchestre pour Poulenc.
Le Mirifique s’impose dans un exercice moins simple qu’il n’y paraît et donne à Verdi la touche d’intemporalité qui manquait peut-être à cette définition du lyrisme moderne.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

 

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