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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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29 juin 2009

L'industrie de la balle dans le pied

Ce qui est bien avec la mort de Bambi, outre de permettre de confirmer l'attirance malsaine pour le factuel clinquant de nos médias de masse -et de faire grimper les stats de Sunship !-, c'est de mettre un peu plus en lumière le cynisme intégral des grandes majors qui tournent en rond sur quelques artistes calibrés surfant sur la même vague depuis les années 80. Il y eut dans les nineties une petite révolution de palais avec l'arrivée du Hip-Hop et d'une musique électronique inventive et libre se développant sur des réseaux parallèles, mais les majors ont usées de leur grand pouvoir de nuisance pour réduire cela au silence.
Pendant ce temps, donc, plusieurs articles sur le net permettaient une analyse du phénomène de la "crise du disque" dont on nous rebat les oreilles. En raccrochant les wagons de ceux-ci, on peut en retirer une constatation assez sybilline : la crise du disque est un magnifique prétexte pour la standardisation des goûts et la fidélisation d'un public captif, peu curieux et surtout qui ne porte à la musique qu'une valeur de code (social, vestimentaire, communionaire).
L'article de BBB est à ce titre un exemple très parlant d'une industrie qui ne voit plus dans la musique qu'un support ludique d'autres moyens de communication commerciale. Dans les clips des années 80, on voyait une bouteille de Pepsi. Aujourd'hui, c'est le produit qui fait vendre la musique, quand elle n'est pas donnée en échange. Plus qu'un changement radical de l'objet vendu, c'est un renversement total de la philosophie même de la soit-disante industrie culturelle : ce n'est plus le produit qui sert la musique, mais l'inverse.
La crise du disque n'est pas la crise de la musique, mais la crise de la standardisation.
Comme le révèle cet article du Guardian dont l'exégèse est faite sur Fluctuat, ce n'est plus que les amateurs de pop achètent moins de disques qu'avant. C'est que le rapport qualité-prix d'un disque mainstream, où seul la chanson qui aura servi à vendre le téléviseur ou le yaourt a un intérêt ne fait plus le poids face à d'autres produits culturels moins "kleenex" comme des jeux vidéos... On rejoint la même constatation que précédemment : la standardisation, le recours massif à l'auto-tune qui permet de vendre des produits qui n'ont même plus besoin d'avoir ne serait-ce qu'une once d'approche musicale a fait dépérir un marché qui n'est plus attractif pour autre chose que de vendre des meubles en kit ou des sous-vêtements vulgaires pour danser dans les campings.
Bref, de l'espace disponible.
A ce niveau, une deuxième constation s'impose : L'industrie musicale de masse ne fait absolument plus le même métier que les labels indépendants et les passionnés. Il faudrait donc que ces gens, et notamment sur des sujets aussi grave que le droits d'auteur cessent de se réclamer de l'industrie culturelle. Quand on produit de la musique pour vendre des lunettes de soleil, on n'est pas producteur, on est oculiste...

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

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Commentaires
F
Je l'avais déjà dit, Orelsan ce n'est pas ma tasse de thé, ici : ... http://tinyurl.com/m4kb8t Mais quand je lis ça : http://tinyurl.com/n2f43f ça donne un exemple concret du pouvoir de nuisance d'une posture politique sur une prog culturelle...<br /> Du coup, effectivement, le pré-maché passe mieux.
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F
Que les "animateurs historiques du réseau" aient une culture sommaire pour certains d'entre eux, peut être, mais à noter que Internet est aussi l'arme des passionnés et des passeurs. Je pense qu'au contraire, cela doit permettre une meilleure cohésion des réseau musicaux... Mais de plus en plus en marge, puisque la standardisation scinde de plus en plus les deux mondes. Comme la fin d'Underground de Kusturica, la fanfare folle des blakans se détache peu à peu d'un monde qui n'est déjà plus le sien !<br /> Pour ce qui est de la prog, ça doit être un peu pareil, sauf que la prise de risque, à de rares exceptions soulevées par LBDV est génératrice d'autres enjeux qui effectivement vont mettre de + en + en galère les passionnés et les curieux.<br /> C'est pour ça que je le répète, il faudrait désormais que les marchands de soupe arrête de parler au nom du monde de la musique qu'il se sont échiné avant tout à casser.
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E
Ces dernières analyses sont certes justes, mais je reste pessimiste un peu pour les mêmes raisons.<br /> L'immense majorité des gens n'écoute pas de musique. C'est cela la réalité.<br /> Depuis les années 80 l'édition phonographique était devenue une industrie qui générait de la consommation, cela s'achève à présent et, je le redis, la musique avait plutôt bien survécu à ça grâce aux passionnés qui trouvaient leur place dans ce modèle. Dorénavant, il semble que la société de communication dématérialisée ne donne plus que l'illusion de la diversité et de l'accès libre à tout, alors qu'au contraire, même fragmentée, elle n'offre que standardisation et courants à suivre en laissant de côté des pans entiers de la culture (cela est dû bien entendu à l'inculture originelle des animateurs du réseau mondial).<br /> Or donc, demain, à mon avis, Hadopi et les échanges de fichiers concerneront encore cette frange appelée musique populaire, et les passionnés seront bien plus dans la galère encore qu'aujourd'hui si possible, pour programmer de la musique et accueillir des musiciens...
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L
Effectivement, l'effet de massification d'une ville apporte plus d'enjeux et donc attire plus les convoitises. Du coup, le pré-maché marche mieux.<br /> <br /> Je te rejoins sur ce point.
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F
Mais tu as la possibilité d'être curieux, et d'avoir un autre horizon que les radios. Helas, ce n'est pas donné à tous... Et c'est en imposant toujours la même merde dans les robinets à connerie qu'on façonne une opinion.<br /> Quant aux petites salles, c'est toujours le même problème que pour la fête de la Musique... La réalité d'une grand ville est différente de celle de ton coin où, paradoxalement, l'absence d'enjeu -et peut être de concurrence, c'est à méditer- permet plus d'initiative ;-)
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