L'industrie de la balle dans le pied
Ce qui est bien avec la mort de Bambi, outre de permettre de confirmer l'attirance malsaine pour le factuel clinquant de nos médias de masse -et de faire grimper les stats de Sunship !-, c'est de mettre un peu plus en lumière le cynisme intégral des grandes majors qui tournent en rond sur quelques artistes calibrés surfant sur la même vague depuis les années 80. Il y eut dans les nineties une petite révolution de palais avec l'arrivée du Hip-Hop et d'une musique électronique inventive et libre se développant sur des réseaux parallèles, mais les majors ont usées de leur grand pouvoir de nuisance pour réduire cela au silence.
Pendant ce temps, donc, plusieurs articles sur le net permettaient une analyse du phénomène de la "crise du disque" dont on nous rebat les oreilles. En raccrochant les wagons de ceux-ci, on peut en retirer une constatation assez sybilline : la crise du disque est un magnifique prétexte pour la standardisation des goûts et la fidélisation d'un public captif, peu curieux et surtout qui ne porte à la musique qu'une valeur de code (social, vestimentaire, communionaire).
L'article de BBB est à ce titre un exemple très parlant d'une industrie qui ne voit plus dans la musique qu'un support ludique d'autres moyens de communication commerciale. Dans les clips des années 80, on voyait une bouteille de Pepsi. Aujourd'hui, c'est le produit qui fait vendre la musique, quand elle n'est pas donnée en échange. Plus qu'un changement radical de l'objet vendu, c'est un renversement total de la philosophie même de la soit-disante industrie culturelle : ce n'est plus le produit qui sert la musique, mais l'inverse.
La crise du disque n'est pas la crise de la musique, mais la crise de la standardisation.
Comme le révèle cet article du Guardian dont l'exégèse est faite sur Fluctuat, ce n'est plus que les amateurs de pop achètent moins de disques qu'avant. C'est que le rapport qualité-prix d'un disque mainstream, où seul la chanson qui aura servi à vendre le téléviseur ou le yaourt a un intérêt ne fait plus le poids face à d'autres produits culturels moins "kleenex" comme des jeux vidéos... On rejoint la même constatation que précédemment : la standardisation, le recours massif à l'auto-tune qui permet de vendre des produits qui n'ont même plus besoin d'avoir ne serait-ce qu'une once d'approche musicale a fait dépérir un marché qui n'est plus attractif pour autre chose que de vendre des meubles en kit ou des sous-vêtements vulgaires pour danser dans les campings.
Bref, de l'espace disponible.
A ce niveau, une deuxième constation s'impose : L'industrie musicale de masse ne fait absolument plus le même métier que les labels indépendants et les passionnés. Il faudrait donc que ces gens, et notamment sur des sujets aussi grave que le droits d'auteur cessent de se réclamer de l'industrie culturelle. Quand on produit de la musique pour vendre des lunettes de soleil, on n'est pas producteur, on est oculiste...
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...