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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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9 août 2016

Frantz Loriot Systematic Distorsion Orchestra - The Assembly

A chaque fois que nous rencontrons Frantz Loriot sur un disque, depuis que nous l'avions découvert l'année dernière à l'occasion d'un fameux solo au violon alto, son instrument de prédilection, on se dit que nous avons à faire à l'un des plus brillant représentant d'une génération.
Son récent duo avec Christoph Erb, tout en brisures et en remous en est un exemple, mais c'est sans doute avec sa famille New-Yorkaise que le violoniste est le plus à l'aise.
Famille ? On peut utiliser le mot lorsqu'on découvre le line-up de son orchestre à onze pupitres où l'on retrouve bon nombre de musiciens croisés dans l'Acustica du batteur Carlo Costa qui est présent ici aussi, dans le déluge du Systematic Distortion Orchestra (SDO). Une famille qui peut aussi revêtir d'autres avatars, ceux moins Free du Notebook, qui ne fait qu'accentuer l'aspiration de Loriot pour les grands ensembles.
Jugeons-plutôt de la parenté du SDO, de l'Acustica et même de l'Aum Grand Ensemble ou le Vision 7 de Niggenkemper qu'on retrouve forcément ici : dans cet étrange instrumentarium (trois batteries, deux contrebasses, deux trompettes, deux trombones dont un basse joué par Sam Kulik, qu'on découvre et qui est à suivre...), on note la présence de Ben Gernstein et Joe Moffet, mais aussi du batteur Flin Van Hemmen qui s'est déjà illustré sur le label Neither/Nor.
The Assembly, l'album de SDO paraît quant à lui sur le label américain OutNow Recordings, plus souvent dédié au travail du saxophoniste Yoni Kretzmer.
Le Systematic Distorsion Orchestra porte à la fois bien son nom et induit en erreur, ou du moins joue avec les faux semblants, ce qui semble être constitutif du chaos très organisé de son morceau titre « The Assembly » où le son constant des pizzicati de l'alto gratte un bourdon formé par le reste de l'orchestre, qui avance par poussées soudaines, tempêtueuses et parfaitement circulaires, notamment lorsque Nathaniel Morgan perce d'un souffle d'alto la forteresse bâtie par les trompettes et les trombones. La distorsion est certes systématique, celle de la réalité et de toutes velléités mélodiques, mais elle n'est absolument pas électrique.
Tout est de vent, de peaux, et de boyaux, fussent-ils de métal.
La Forteresse, l'idée est là. Ce n'est pas innocent si la pochette représente la célèbre photo de Evzerikhin pendant le siège de Stalingrad, ces statues d'enfant dansant dans le chaos.
C'est exactement le sentiment qui ressort de cet album et notamment de la longue composition « Le Relais » qui clôt un album court. Fait de soudaines accélérations et de moments plus lascifs, qui rappellent l'Acustica, The Assembly est une bonne illustration d'un siège. D'un moment collectif où même l'improvisation semble acculé à une nécessité circulaire, au milieu des rafales lointaines des frappes et au brouillard de métal.
Cependant, le SDO et l'Acustica poursuivent une voie différente ; là où Costa faisait un éloge de l'économie d'un mouvement pourtant inéluctable, l'orchestre de Loriot est se situe plus dans la construction méthodique d'une agitation qui submerge.
Seule cette submersion perdure. Elle est le fait notamment de cette base rythmique composé des contrebassistes Pascal Niggenkemper et Sean Ali. Ce dernier donne à « Maybe... Still... » un aspect étrange du fait d'un Spoken Word spontané au milieu des souffle des cuivres et de crissements de cymbales. Ses comparses sont les batteurs Carlo Costa, Flin Van Hemmen et Devin Gray ; on connaît bien les deux premiers. On a pu déjà entendre le dernier avec Eskelin ou Formanek.
Dans « Echo », le premier morceau, ce sont les trois batteurs qui décident des moments d'insoumission et de confinement. Mais ce sont les cuivres qui construisent le discours de révolte. Il y a dans The Assembly comme une allégorie d'une lutte permanente, collective, dont l'alto serait l'engrenage initial.
On se sent très à l'aise au milieu de cette famille de musiciens, tout chaotique que soit l'environnement.
A suivre, indubitablement.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

09-Lampion-Epinal

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