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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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22 octobre 2022

Pigments & The Clarinet Choir - A Call & Response

Léon-Gontran Damas est un poète majeur ; et comme de nombreux poète de la négritude, bien qu'il soit un des trèsors de la poésie francophone, il est négligé en France, si ce n'est inconnu. Des écoles Léon-Gontran Damas en France métropolitaine ? aucune, autant que Frantz Fanon. Un lycée en Guyane. Moins qu'au Sénégal.
Des écoles Luther King ? A la pelle.
Rocé avait raison : « La France a des problèmes de mémoire. Elle connaît Malcolm X mais pas Frantz Fanon, pas le FLN ; connaît les Blacks mais pas les Noirs, diffuse les stories cow-boys et indiennes, mais de la tragédie cow-boys et algérienne faut rien savoir. »
Bref, lorsque on parle de Léon-Gontran Damas, il faut s'en féliciter.
C'est le cas de Pigments & The Clarinet Choir, le nouveau projet de Guillaume Hazebrouck, dont on connaît tout le talent en terme de musique très théâtralisé et de rapport au verbe. A Call & Response est un travail de fourmi autour d'un des livres les plus puissants de Damas, paru en 1937. Avec le chanteur -je n'aime pas le terme de "slameur"- Nina Kibuanda,tout commence d'ailleurs avec un titre puissant, après une intro au piano d'Hazebrouck qui nous rappelle tout son goût pour la musique écrite occidentale, et notammment la musique française du début du XXe siècle ; les contemporains de Damas.
"Blanchi" est un coup de poing. La basse d'Olivier Carole, puissante accroche nourrie de Funk lance un texte d'une rare virulence, et d'une beauté cruelle. 
Parce que c'est nécessaire.
On est heureux de retrouver aux côtés d'Hazebrouck le clarinettiste Olivier Thémimes, car on sait que ces deux musiciens savent agir ensemble, et faire jouer la magie ; pas une magie clinquante, mais une fluidité qui fait merveille dans "Il est des nuits". Pour cela, il y a des acteurs incontournables, comme le beatboxer Julien Stella (remarquable dans le lunaire "Soudain, d'une cruauté feinte"), également clarinettiste.
La Clarinette est une donne importante de ce disque, voire cruciale tant le son rond et boisé donne davantage de corps aux mots de Damas. A Thémimes et Stella s'ajoute Nicolas Audouin le piano d'Hazebrouck, dans ce contexte est très cinématique. Il habite les mots et va chercher derrière, son piano sonde, analyse. C'est le sujet des "response" qui illuminent le livret de cet album joliment sorti chez Yolk et qui illustrent un spectacle entièrement dédié au poète. 
C'est intense, cette évocation de Damas. Nerveux et très ouvert. Dans un morceau comme "Nevralgie", on ne peut s'empécher de penser aux disques de Ze Jam Afane. La construction est solide, c'est magnifiquement bien écrit et c'est certainement l'une des plus belles sorties de poésie de l'année.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

60- Errance Eckmhull copie

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