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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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11 février 2016

Sylvain Darrifourcq - In Love With Théo & Valentin Ceccaldi

Si l'on en croit le philosophe Joe Dassin (1937-1980), au sujet de l'amour et des relations afférentes, il y a « les femmes que l'on aime et celles avec qui l'on dort ».
Cette pensée, transcendante encore de nos jours de la part de celui qui avait révélé « Qu'à Paris, à vélo, on dépasse les autos » nous est confirmé par le batteur Sylvain Darrifourcq, un philosophe d'un tout autre acabit qui, outre une participation active au MilesDavisQuintet! a déjà fait l'expérience ontologique de jouer au Yamm's avec le père à jésus
Ainsi donc, Sylvain Darrifourcq a mis le théorème Dassinien en pratique, mais entre hommes : In Bed With est un trio électrifié avec Kit Downes aux claviers et Julien Desprez. Quand à In Love With, c'est un trio à cordes avec les fères Ceccaldi.
Si un jour il vient au batteur l'idée d'en faire un quintet, ce sera un Vaudeville.
Sylvain Darrifourcq est un épouseur à toutes mains. On l'a vu s'unir avec Akosh S, faire la cour à Emile Parisien, Faire de l'exercice avec Tendimite.
Mais l''amour est donc réservé aux frères Ceccaldi, Théo au violon et Valentin au violoncelle.
C'est une idylle qui perdure depuis des années. Depuis que Sylvain participe aux projets du Tricollectif où émargent les deux manieurs d'archet et que Valentin s'acoquine avec le batteur au sein du MilesDavisQuintet!. Un amour qui fait son nid sur le label BeCoq, qui a accueilli pas mal d'étreintes du Tricollectif, et qui héberge sans fard cet Axel Erotic. Le label est décidément toujours dans les bons coups. Disons-le tout de go est d'ors et déjà un moment fort et intense de l'année 2016. Foncièrement jouissif qui plus est, ce qui est paraît-il gage de stabilité en amour.
La stabilité, c'est l'affaire du batteur. Sur l'heurté « Asil Guide », où chaque musicien se succèdent avec des accroches rapides, qui donne une impression de désordre et d'empressement, c'est lui qui règle les emportements de chacun et canalise la fougue dans un roulement continu de cymbale sur lequel le violon s'offre quelques moments de jubilation qui s'apparentent à des accélérateurs de particules.
Le jeu est gourmand, pétillant, non dénué de cet humour étrange et plein de poésie qui a contribué à la fois à l'image du Tricollectif et à celle de Darrifourcq. « A la saveur de très beurre » en est l'exemple parfait, le violoncelle oscille entre les basses sèches et les constructions de cordes avec son frangin, qui est ici une sorte d'électron libre... Ou plutôt le garant de l'imprévisible, qui peut dévier en un instant des routes pourtant sinueuses tracées par le batteur qui signe toutes les compositions.
On retrouve également dans ce disque ce qu'il convient désormais d'appeler le « style Darrifourcq », ce qui a notamment contribué récemment à ce que Citizen Jazz le mette à l'honneur dans une très belle interview et une série d'articles, notamment la chronique du présent disque par Philippe Meziat.
Ce style, c'est cette petite mécanique d'apparence impavide qui se révèle diablement vivante à mesure que les couches se succèdent et se bousculent d'abord imperceptiblement et de plus en plus nerveusement, jusqu'au point de rupture. On le retrouve dans le délicieux « Sexy Champagne », mais aussi dans l'inaugural « Bien peigné en toute occasion » qui ouvre l'album dans une atmosphère qui évoque immédiatement le MilesDavisQuintet!.
C'est une force d'avoir un univers et de savoir le décliner dans plusieurs formule sans jamais se répéter. Le morceau "Les flics de la Police", présent sur de nombreux albums dans des formes et des conceptions différentes en est le témoignage. C'est la force de Sylvain Darrifourcq qui va au bout de ses idées en nous emmenant avec lui sans même qu'on s'en aperçoive réellement. Axel Erotic est ce genre de disque qui fait bouger la tête au bout de quelques mesures et qu'on trouverait presque trop court.
Même si, on le sait, c'est pas la taille qui compte.
On les aime ces musiciens là, comme on aime ce label. Quand on se plonge dans ce disque, on sait tout de suite pourquoi.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

12-Poussette

Commentaires
A
encore que (la photo)
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