Energie Noire - Loitering The Loop
Au sein de l'orchestre breton Nautilis, le saxophoniste Nicholas Peoc'h et le guitariste Vincent Raude avait déjà montré à quel point il évoluait avec aisance dans une atmosphère percluse d'électronique où déjà frémissait quelques ingrédients du présent album. C'est Raude, également fin électronicien, qui déterminait cet environnement.
C'est dans ce contexte qu'est né le duo Energie Noire, dans une volonté d'approfondir cette démarche en la plongeant dans le bouillonant chaudron de Chicago. Celui des pionniers de la House Music Frankie Knuckles ou encore Felix Da Housecat, mais aussi du jazz, du hip-hop, du rock et du blues...
En résumé de toute la musique populaire du XXeme siècle qui palpite dans les veines de la ville. Grâce au réseau transatlantique de l'orchestre Franco-américain, dans lequel on retrouvait, outre Nicole Mitchell et Tomeka Reid, nos deux compagnons ont croisé la plupart de leurs complices invité dans ce Loitering The Loop.
L'album est conçu comme une visite nez-au-vent de la ville-monde de l'Illinois, et cet état est vraiment l'un des plus musical qu'il soit. A commencer par le tromboniste Steve Berry, proche de l'AACM qui fait merveille lorsque l'avion se pose sur « O-Hare Airport » en début d'album. C'est le point de départ de tout voyage. Le titre du disque peut se traduire par « flâner dans la boucle ». Elle peut s'envisager littéralement comme cette errance touristique qui nous mène de « N Pulaski Road » ou flotte un air des années 20 triomphantes jusqu'à ce « The Blue Line Train » acide où le percussionniste Michael Zerang, habitué des rencontres avec l'Europe, vient éroder les métriques fortement inspiré par Steve Coleman.
Elle peut également s'envisager comme la boucle chère aux musiques électroniques, dont les basses grasses et lourdes font merveille dans « Taïpan », incontestablement le sommet de l'album où l'on retrouve le saxophoniste ténor Irvin Pierce, mais aussi dans « W Chicago Av » où Billa Comp (The Dread, groupe intéressant qui mériterait de s'offrir un peu plus d'instrus old-school, c'est la personne âgée qui parle !) vient rendre hommage à cette ville ou des rappeurs comme Common ont grandi.
C'est une visite qui n'est pas un simple tour-operator de surface : les deux musiciens et leurs camarades investissent chaque quartier, tente de témoigner par une approche très cinématique de la réalité sociale et géographique de la ville.
Nous avons été habitué récemment, avec l'ONJ d'Olivier Benoit aux escapades dans les villes-monde.
Ici, la démarche est différente, moins globale et architecturale. Les deux musiciens proposent des instantanés illustré par les sons de la mégapole, quelques cartes postales chargés de souvenirs postées d'un studio Chicagoan pour témoigner d'une cité qui est à maints égards universellement musicale.
Qu'on rentre d'un côté ou de l'autre de la ville, avec Christoph Erb ou Isabelle Olivier, avec les aventures de The Bridge ou par le Hip-Hop, on est toujours ravi de nos escapades à Chicago. Energie Noire livre un témoignage sincère et rafraîchissant.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...