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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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27 juillet 2017

Lande - La Caverne

Le collectif Loo était jusqu'à lors majoritairement connu pour son grand orchestre PAn-G, dont le récent Futurlude reste dans tous les grimoires des amateurs d'aventures en Grand Format. Un orchestre jeune, prometteur, avec plusieurs sections particulièrement remarquables, à commencer par la remuante base rythmique composée du batteur Ariel Tessier, souvent très agressif dans ses prises de parole, ce qui fait des étincelles avec le jeu très sec et puissant du contrebassiste Alexandre Perrot.
C'est cette forte assise, finalement très complice que l'on retrouve au sein de Lande, quartet à la forme plus classique que PAn-G, mais qui ne se soumet pas au ronronnement. Dès "La Caverne", qui donne son nom à l'album, la contrebasse s'escrime à rebondir sur les calvalcades de cymbales de Tessier. C'est dense, rugueux, mais finalement très complice. La doublette rythmique vient se lier dans un dispositif de tension brut et néanmoins sophistiqué.
C'est dans ce brouet solide à l'aspect volatil que viennent plonger le saxophoniste alto Julien Soro, moins doux et rêveur qu'avec son comparse Schwab et le trompettiste Quentin Ghomari, Vibrant Défricheur qui est l'une des têtes de Papanosh ; on s'en apercevra dans "Loosy", petit exercice colemanien tendance Ornette qui vient profiter d'un orchestre à l'instrumentarium référentiel. Ce morceau, écrit par le rouennais, a quelques traît de Papanosh, dans un style plus strict, sans guère de fioriture.
Pelé et venteux, à l'image de la Lande.
Soro et Ghomari, qui se côtoient dans Ping Machine, ne se laissent absolument pas dominer par leurs invités de Loo. Ce n'est pas un face-à-face au couteau entre PAn et Ping. Ca cogne certes dans tous les coins et parfois dru, avec le trait alerte de ces orchestres qui vont tout droit, mais ce n'est pas une bagarre. Parlons plutôt d'effet d'entraînement, de mécanique bien huilée qui n'estompe pas vraiment les chocs incessants des dents d'engrenage lorsqu'ils se rencontrent.
On croit même déceler de la jubilation, dans "Skieur au fond du puit". Un éclair rire franc et même un peu sardonique, avec l'alto de Soro qui se cogne franchement, tête la première contre la basse très précise de Perrot, qui signe tous les morceaux, à l'exception du titre de Ghomari, qui sait lui aussi se faire vindicatif.
Et puis soudain, c'est comme si dans la Caverne, les musiciens se retournaient comme pour faire mentir l'allégorie. Fini de faire dans les ombres, ils font face au paysage et deviennent plus contemplatifs. "L'ode Maritime" en trois tableaux et deux instantanés élémentaires ("Embruns", dont ils empruntent le jaillissement et au contraire "Récifs", dont la contrebasse fait un beau relevé topographique) est une oeuvre profonde, où le vent souffle avec une certaine bienveillance. Le son rocailleux du saxophone frictionne autant qu'il caresse, et la batterie de Tessier est un flux et reflux des plus apaisants.
Cette Caverne dans la Lande est une belle découverte et cette rencontre, une belle occasion.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

Caverne

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