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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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18 novembre 2017

Roberto Negro - DaDaDa Saison 3

Roberto Negro est un fabuleux conteur d'histoire, nous ne nous lasserons pas de le dire. Le genre de musicien pour qui la narration fait partie intégrante de sa musique et pour qui les musiciens qui l'accompagnent doivent être autant d'unités de lieux et de temps du fil de ses compositions. Et ceci que ce soit des histoires complètes, linéaires, comme ce magnifique Birdy So auquel nous revenons toujours et qui sera à coup sûr un des faits marquants de cette décennie dans nos musiques ou des miniatures comme ce DaDaDa Saison 3, nouvel équipage en trio pour le pianiste piémonto-orléannais.
Saison 3 comme une série, avec ses épisodes et ses coups de théâtre. Ce n'est pas fortuit.
Dans ce disque paru chez Label Bleu, comme aux meilleurs temps de la fin du siècle passé, tous les morceaux sauf le très vaporeux "Gloria é la poetessa" où le piano nous accueille dans une atmosphère satienne sont au format chanson. Peu dépassent les quatre minutes. Peu de temps pour installer une histoire, certes, mais c'est sans compter ses partenaires, deux fabuleux créateurs qui s'unissent à Negro pour créer des climats étranges, oniriques, parfois turbulents dans lesquels ils sont comme chez eux.
Emile Parisien et son saxophone soprano est une arrivée presque naturelle dans l'univers du pianiste, pour toutes les bonnes raisons du monde : même génération, même fougue tempérée par un soucis du collectif, et surtout même approche à la fois moderne et sans limite qui s'attache à une certaine révérence du passé et des traditions. On entend ici l'Emile de son duo avec Vincent Peirani ; un Emile facétieux mais concentré, dynamiteur mais constructif. Bref un musicien complexe capable d'un jeu simple et efficace ("Brimborion", aussi joli mot que musique).
Un morceau comme "Bagatelle", où le verbe fleuri du soprano entre parfois en collision avec un piano perclu d'effets et de trifouillages des cordes en est exemple. Il y en a d'autres, avec plus de retenue ou de distance, comme le très beau "Ceci est un Merengue" où Parisien souligne les contemplations du piano dans une galaxie d'électronique.
Mais "Bagatelle" est une véritable construction tripartite avec le percussionniste Michele Rabbia qui clôt le triangle avec la foultitude d'objets, de sons, de transformations, de mutations électronique dont il est capable. Parfois il s'intègre parfaitement et prolonge le propos par quelques interventions pleines de relief ("Shampoo"). D'autre fois, il disparaît et son silence est presque éloquent dans l'attente de la pulsation ("The Upside Down"). On se souvient de son travail récent avec Federico Casagrande. Ses interventions ici, toujours en ponctuation, sont du même acabit, très colorée voire chamarrée mais souvent impalpable ("Poucet", un peu comme les cailloux déposé par le personnage du conte).
DaDaDa est un bel équipage et un très bel album qui confirme ce qu'on savait déjà : Roberto Negro est un grand compositeur dont on aime l'univers. Et tant pis si la saison 3 nous arrive en premier : c'est le propre des grandes séries que d'être captivante dès les premiers instants, quelle que soit l'intrigue...

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

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