Centre National de la Musique en Tube
Dans l'indifférence générale, les élections présidentielles avancent à grand pas, avec une place plus que congrue laissée à la culture. A la place, nous avons le droit à un débat qui cristallise sur Hadopi sans que jamais et à aucun moment ne soit posé clairement, par exemple, la question des intermittents. C'est dans ce contexte que la brusquerie désormais érigée en méthode de gouvernement tente d'imposer un Centre National de la Musique bâti à la hussarde pour distribuer l'argent en priorité à ceux qui la détienne.
Mais de tout cela, on avait déjà parlé, l'autre jour comme depuis longtemps !
Le tout évidemment se déroulant dans l'opacité la plus totale, en favorisant les acteurs les plus mainstream au détriment des musiques de marge, qu'elles soient savantes, patrimoniales, créatives ou simplement hors sentiers et étiquettes... Simplement parce que l'économique primant, dans l'esprit de ses créateurs, sur une idée artistique réduit à la virgule d'ajustement, il convient de ne surtout pas s'attacher à écouter les besoins de ceux qui ont pourtant le plus besoin du mécénat public. Marginalisé souvent par les mêmes qui ne jure que par le succès industriel.
On y verra comme un condensé en quelques semaines d'un condensé de mépris, en Culture comme en toutes choses. D'autant que le gouvernement étant -quoiqu'il arrive- sur un cycle finissant, rien ne pourra être voté avant juin. Les signataires, à moins d'être ignares, savent bien que tout cela n'a aucun sens, et sera peut être vidé de son contenu dans les mois qui suivront... Cela donne encore plus de peine pour les ahuris qui pensaient pouvoir négocier avec un ministre fatigué et sur le départ quelconque arrangement boutiquier.
Pendant ce temps, l'appel des 333, dont je fais partie, mène son petit bonhomme de chemin et compte désormais plus de 2000 signataires dont un sacré paquet d'artistes, mais aussi de mélomanes et de curieux qui comprennent bien qu'il ne s'agit pas seulement de dénoncer un énième guichet qui fera les mêmes cadeaux aux mieux lotis, mais posera clairement et de manière clinique la question de la diversité culturelle. Pas seulement celle qui se vend dans les promesses faites la main sur le coeur ; plutôt celle qui, sans le mécénat public, ne touchera qu'une marge de plus en plus congrue de connaisseurs jaloux ou de passeurs sans moyens. C'est sans doute le rêve de tous ceux qui au fond de leur bibliothèque cosy remplie de culture, pensent avant tout qu'elle ne se partage pas.
Pour les autres, c'est un cauchemar, une horreur économique.
Il n'est pas étonnant qu'avec un véritable unanimisme, les fédérations qui représentent ces artistes refusent avec abnégation de signer à blanc-seing à une institution née de rien. Une boutique qui fera de toutes façon sans eux puisqu'elle est faite pour ça. Il n'est pas question de négocier avec qui que ce ce soit ; il est nécessaire de repenser absolument ce funeste projet et de l'exiger définitivement. Il est indispensable d'associer les collectivités locales qui sont aujourd'hui les seuls mécènes publics sérieux autrement que par le fait accompli. Il est essentiel de connaître de tout urgence l'avis de chaque candidats -il en est que l'on ne connait que trop bien et qui peuvent s'en dispenser- sur ce CNM. Bref, il est largement temps de construire l'avenir avec les acteurs plutôt qu'avec les marchands de soupe. Sans quémander, mais avec exigeance.
Il parait que le Centre National de la Musique sera un EPIC ( Etablissement Public à Caractère Industriel, ce qui en dit long aussi sur son objet...).
Ensemble, faisons-en un EPIC FAIL.
Et une photo qui n'a strictement rien à voir...