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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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3 janvier 2014

Hollenbeck/ Darche/ Boisseau/ Blaser - JASS

Attendu comme le sont souvent les rencontres alléchantes de fortes têtes du jazz, le quartet JASS fait saliver les amateurs depuis déjà plusieurs mois.
Imaginons.
D'un côté, deux soufflants qu'on imaginait pas ensemble au premier abord, le saxophoniste ténor Alban Darche et le tromboniste suisse Samuel Blaser, soit deux des voix prépondérantes de ces dernières années. De l'autre, une base rythmique aussi inédite que réjouissante avec le contrebassiste Sébastien Boisseau et le percussionniste John Hollenbeck. C'est à dire l'annonce de raffinements polyrythmiques infinis entre la musicalité irréfragable de la contrebasse et les trouvailles permanentes de John Hollenbeck. On ajoutera, comme une colonne vertébrale plus que comme un bonus, la complicité ancienne des vieux amis Darche et Boisseau pour expliquer cette attente impatiente.
Mais ce n'est pas fini. Il y a le nom de ce quartet. L'acronyme des prénoms de ces quatre solistes qui renvoie à l'origine de nos musiques. A sa forme rustique pleine de promesses et à sa jeunesse vigoureuse illustrée par la belle pochette Noir & Blanc. Elle est proposée par le label Yolk, dont on ne réjouira jamais assez de voir relancé. Autant d'attente peut parfois être nuisible ; trop d'invidualité, trop de talents pour insuffisamment de liant...
Rassurons nous tout de suite, cette rencontre transatlantique remplit largement les attentes. Et cette attente touche à son but, le disque sort le 06 janvier.
Dans la veine de ce que Darche et Boisseau ont pu proposer sur le label Budapest Music Center (on pense notamment au trio avec Gádò ou à Trumpet Kingdom), les deux tauliers de Yolk sortent de leur univers habituel pour aller à la rencontre de l'altérité des atmosphères. C'est ainsi que « SAJ'S », qui constitue la première composition du saxophoniste dans cet album est un écrin offert à Hollenbeck. Surtout à son goût pour les motifs répétitifs tels qu'on a pu les découvrir dans Shut Up and Dance de l'ONJ version Yvinec ou avec Tony Malaby.
Cela permet d'apprécier la richesse de la rencontre entre Boisseau et le batteur, qui contribue à la luxuriance affichée de JASS. On retrouvera également la force de cette base rythmique et son impact sur la couleur de l'album dans le remarquable « Jazz Envy » écrit par Hollenbeck lui-même. Dans ce morceau, l'archet de Boisseau échauffe la rythmique lourde de la batterie que le trombone de Blaser charge de groove.
Car il ne faut pas résumer le quartet à une affaire de rythmique. Ainsi, dans « Miss Univers 2031 », on peut assister à de beaux échanges entre le trombone profond de Blaser et la douceur chaleureuse d'Alban Darche. Nul affrontement entre ces deux là, comme entre aucun des membres du quartet, mais une concorde qui sait se départir du respect mutuel pour se ranger dans l'entente cordiale où chaque voix nourri le collectif. C'est ce qui fait le grand équilibre de cet album, où Blaser signe également deux titres aux fragrances Colemaniennes (tendance Ornette). Ceux-ci donnent là aussi quelques couleurs qui rappellent les expériences hongroises de Darche et de Boisseau. On pense notamment à « It Began to Get Dark », en fin d'album, qui est certainement le morceau le plus rugueux.
Chacun des musiciens propose une couleur qui vient nourrir un luxueux nuancier dont les possibilités semblent infinies.
La force de JASS, c'est ce carré que forme le quartet. Il peut se morceler en plusieurs entités géométriques chères à Hollenbeck, et avant tout en deux triangles isocèles dont l'axe est la contrebasse de Boisseau. A chaque pointes, on retrouve un soufflant ; c'est tout le propos de « Tricéphale » qui clôt l'album avec la fluidité des rencontres abouties. Celles qui appellent à des lendemains. Mais on retrouve aussi différentes associations polymorphe qui donnent beaucoup de relief à ce disque. Il se place déjà, quelques jours après les festivités de l'an neuf, comme l'un des incontournables de 2014, et ce alors que ses acteurs avaient déjà considérablement l'année passée. Indispensable, donc, et de quelle manière !

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

51-Errance-Rovaniemi

Commentaires
F
C'est vrai tiens :)<br /> <br /> C'est le "Centre-Ville" de Rovaniemi. Bonne année à toi Dominique !
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A
une bien belle photo qui a à voir avec les pochettes de Samuel Blaser chez HatOlogy ! Bonne Année !
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