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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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19 mars 2014

Longue Traîne

C'est un article de Slate qui parait aujourd'hui qui remet en mémoire le concept de longue-traîne dont nous avions eu le loisir de parler il y a quelques années qui me semblent une décennie tant cela fait une éternité -trop longtemps- que ces questions n'ont pas été abordées ici.
Pour ceux qui voudraient se le remettre en tête, voici l'article qui l'évoquait le plus directement, mais pour faire simple, c'est l'idée développé par Chris Anderson comme quoi la disponibilité de la Culture lié à Internet va créé une succession de niches culturelles qui vont changer la manière d'envisager l'économie de la Culture en général, et l'économie du disque en particulier.
Une idée développée en 2006. Une préhistoire des Internet.
Aujourd'hui, -et c'est tout le sujet de l'article de Slate-, une économiste américaine remet en cause l'analyse d'Anderson dans un bouquin nommé Blockbusters qu'il me tarde de lire ; comme ce n'est pas le cas, cet article ne se base que sur ce qu'en dit Slate. En substance, Elle dirait que la longue traine n'a rien changé et que -pire !- c'est le blockbuster et le mainstream qui ramasse la mise de la culture de masse.
Ne cherchons plus, nous avons trouvé la double identité de l'économiste.
C'est Captain Obvious.
Ré-expliquons, donc.
Le concept de longue-traîne suppose que, derrière le marché du mainstream qui n'est plus un marché culturel mais un support publicitaire pour d'autres produits, la possibilité d'accéder à des niches pointues soit offerte au plus grand nombre, créant de fait une économie culturelle alternative mais pas souterraine. Elle est chiche, elle est limitée mais elle permet de conserver une qualité de distribution satisfaisante. C'est ce que j'avais appelé le modèle économique de la micro-brasserie. J'ai souvent écrit des conneries, mais celle-ci a le mérite de se valider dans la durée.
Alors oui, les blockbusters raflent tout. Et tous les relais culturels marchands sont conçus pour ça. L'agenda est conçu pour ça. La profusion de l'offre, l'embarras du choix conduit souvent au non-choix, et c'est pour ça que la diversité culturelle passe avant tout par un travail de prescription et de soutien par le mécénat public des oeuvres de marge. On y revient toujours.
Les Blockbusters et le Mainstream n'ont pas annihilé la longue traîne. Poser les choses comme ça, c'est poser les choses de manière trop manichéenne. On ne va pas poser son cerveau à terre comme on rend les armes parce que les marchands de soupe auraient conquis le pouvoir.
Ils l'ont. Et depuis toujours, dis-donc.
La longue traîne existe et existera toujours car il y a un travail de l'ombre fait par des bibliothécaires, des radios non marchandes, des sites internet ou de simple curieux pour faire perdurer une forme de prescription passionnée. Ce qui peut être amélioré c'est l'épaisseur de cette longue traîne, et sa bonne irrigation. C'est tout le rôle, notamment, du Mécénat public, à commencer par le ministère de la culture. On ne ricane pas.
Hélas, l'actuel ministère vient de donner sa vision de ce besoin sans le vouloir aujourd'hui. Et de la plus cinglante des façons, en remettant une médaille à Shaka Ponk, un groupe on-ne-peut-plus mainstream dont la description est parfaitement posée par Kombini. Bien sur, ce n'est pas la première fois qu'on épingle une médaille en chocolat sur une baudruche au risque de la dégonfler. Evidemment, on s'en fout. Bien sur, ce machin n'a plus aucune valeur. Et après tout, David Guetta ou Jauni l'ont déjà eu. C'est juste que ça illustre à merveille cet article. Filippetti en décorant Shaka Ponk ne fait que délivrer un message : La Culture, ce sont les Charts. 
Un tropisme de droite.
Un de plus. Et en la matière, c'est le feu d'artifice quotidien. Les jardins de Versailles.
Prescrivons, donc, chacun dans notre coin en essayant de ne pas se bouffer la gueule entre nous. Et conseillons aux medias mainstream de l'Internet, plutôt que d'entériner la victoire du Mainstream à plate couture, de faire des sujets de prescription sérieux et documentés plutôt que l'énième papier lifestyle sur le chanteur à la mode. J'ai des noms, si vous voulez.

Et une photo qui n'a strictement rien à voir...

05-Laurent

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