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Sun Ship
Franpi, photographe et chroniqueur musical de Rouen, aime la photo, les concerts, les photos de concerts, la bière, les photos de bière, le Nord, les photos du nord, Frank Zappa et les photos de Frank Zappa, ah, non, il est mort.
Prescripteur tyrannique et de mauvaise foi, chroniqueur musical des confins.
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22 août 2016

Yves Robert Trio - Inspired

Nous l'évoquions en mai dernier avec Le Maigre Feu de le Nonne En Hiver, et c'est la même chose pour cet Inspired, du trio d'Yves Robert.
La nostalgie, camarade.
Celle du label Chief Inspector, et de tout ce qu'il a pu apporter à nos musiques hexagonales en terme d'innovation et de liberté. En 2008, à la préhistoire de ce blog, je parlais de Ninja Tune Français. C'était grossier et à l'emporte-pièce, mais il y avait de ça. Il y avait par exemple ce projet fou, L'Argent, porté par le tromboniste Yves Robert et qui mêlait, voix d'Elise Caron, électronique, pensée économique et mise en musique par un musicien majeur de l'instrument, qui à l'époque faisait partie des Pyromanes de David Chevallier.
Plus tard, il y avait aussi eu Inspirine, avec une partie de ce présent trio. Etrange sortie d'album passée relativement inaperçue par ce que le label périclitait peu à peu à l'époque. Un morceau comme "Bien dans sa peau", que l'on retrouve ici, avec la basse puissante et agile de Bruno Chevillon, était déjà présent sur le précédent album. La lecture n'est guère différente ; elle s'est sans doute quelque peu émaciée. Elle fait moins de concessions, va droit devant accompagnée par l'approche très percussionniste de Cyril Atef que l'on est heureux de retrouver sur ce genre de projet.
On s'étonnera, sans doute, de voir ce disque sortir chez Budapest Music Center. Et puis ce sera comme une sorte de confirmation de l'ouverture tout azimut du label qui offre (enfin ?) une sortie "normale" à un disque de ce trio.
Seul manque Vincent Courtois, qui se partageait les cordes avec Chevillon. Mais, il est présent, un peu : "Between The Bliss and Me" est de sa plume, et dans le brouhaha de voix mixées, on retrouve la rythmique colorée que le violoncelliste aime apporter dans ce genre d'orchestre où la complicité est de mise. Se souvient-on de L'Homme-Avion, aussi chez Chief Inspector ?
Ici, c'est Atef qui fait office d'architecte avec une pétulance qui rappelle nécessairement ses aventures avec Bumcello. Il y a du groove, et même du dub parfois, sans que celà soit le centre du propos.
Inspired va en tout sens mais ne s'éparpille pas.
Chevillon dont le tribut au rock se fait chaque jour plus évident, et le Atef débordant des grands jours permettent à toutes les audaces de Robert d'avoir une large couleur pop, qui ne cède en rien pourtant à la rigueur du propos. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter "Brain Wave" où la contrebasse est la pointe saillante d'une atmosphère planante, où le trombone joue une mélodie douce avec ce léger vibrato qui renforce l'aspect Ambient des choses...
Pas pour longtemps !
Chevillon relance la machine, et la puissance est de mise, sans que Robert n'ait besoin d'hausser le ton. Tout semble très calculé entre les trois musiciens, et pourtant ce concert au BMC Jazz Club, capté en 2014 avec le concours de l'institut Français est la plupart du temps parfaitement improvisé. Mais la complicité est là, comme une reconstitution de ligue dissoute.
Sur tout l'album, Yves Robert impressionne, et rappelle s'il en était besoin qu'il est l'un des meilleurs trombonistes de la période. Revenons à "Bien dans sa peau" (mais on pourrait dire la même chose de la Batucada tordue de "Cahutchuca") : le velours de ses basses tout comme le jeu de coulisse ferme et rapide sont la marque des grands techniciens. Mais Yves Robert est bien plus que celà, nous le savons.
Y compris dans cet album où il s'amuse, intrinsèquement.

47-Potomorto

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